28 octobre 1886 - La Liberté éclaire le monde

Herodote.net - André Larané – 26 oct 2016 / GEO - Anne Daubrée – 02 oct 2018

.            Le 28 octobre 1886, « La Liberté éclairant le monde » est inaugurée dans la liesse, à l'entrée du port de New York, par le président des États-Unis Stephen Grover Cleveland.

C'est la plus colossale statue jamais construite (46 mètres de haut et 93 avec le piédestal). Elle est l'oeuvre du sculpteur français Frédéric-Auguste Bartholdi.

Ce cadeau de la France aux États-Unis célèbre l'amitié franco-américaine sur une idée du juriste Édouard Laboulaye. Il a été financé par une souscription publique des deux côtés de l'Atlantique et grâce à une active campagne de presse du journaliste américain Joseph Pulitzer.

© Library of Congress

.            Le soir du 21 avril 1865, l’heure est à la fête chez Edouard de Laboulaye. Dans sa demeure provinciale de Gatigny, commune de la Lorraine située à 12 kilomètres de Metz, ce professeur de droit au Collège de France et ardent promoteur du système politique américain a convié ses amis libéraux à célébrer la victoire de l’Union sur les sécessionnistes du sud des Etats-Unis. Toutefois, un malaise gâche l’ambiance. Napoléon III a pris le parti des sudistes afin de conforter sa position au Mexique qui fait l’objet d’une intervention française depuis 1862. Comment dire aux unionistes que les Français partagent malgré tout leurs valeurs ?

Edouard de Laboulaye a une idée : ériger, aux Etats-Unis, un monument avec « un travail commun de nos deux nations ». Parmi les convives, un certain Frédéric-Auguste Bartholdi, 31 ans, écoute les paroles du professeur. Ce sculpteur prometteur, issu d’une famille alsacienne aisée, est séduit par un tel projet. Reste à savoir comment mettre en place une telle opération et à quoi pourrait bien ressembler ce monument singulier. Il faudra attendre une dizaine d’années avant que l’idée ne prenne réellement forme.

Les relations entre la France et les Etats-Unis deviennent tendues lorsque, en juillet 1870, l’Amérique choisit de soutenir la Prusse dans le conflit déclenché par Napoléon III. Pour autant, Bartholdi ne renonce pas à son dessein. L’Alsacien souhaite alors utiliser ses croquis « égyptiens » pour concevoir un équivalent new-yorkais. En 1871, il s’exile aux Etats-Unis, fuyant Colmar, sa ville natale occupée par les armées prussiennes de Bismarck, et la Commune, dont il réprouve la violence. Dans ses bagages, il emporte deux modèles de statues et des lettres d’introduction d’Edouard de Laboulaye.

Auguste Bartholdi, républicain et patriote

.            Né le 2 août 1834 à Colmar, en Alsace, dans une famille de notables protestants, Auguste Bartholdi peut donner libre cours à ses penchants artistiques grâce à la bienveillance de sa mère Charlotte qui ne cessera jamais de l'épauler.

Auguste Bartholdi par Nadar vers 1875. - Gallica

Il a à peine 20 ans quand il inaugure sa carrière de sculpteur avec la statue du comte Jean Rapp, un général de Napoléon 1er originaire comme lui de Colmar.

Déjà s'affirme son goût pour le gigantisme avec cette statue à laquelle, de sa propre initiative, il donne une taille deux fois supérieure à la taille humaine.

En dépit de la bienveillance du Second Empire à son égard, Bartholdi ne cache pas ses convictions républicaines, ce qui lui vaut de nouer une relation amicale avec le professeur de droit Édouard Laboulaye (1811-1883), dont il réalise le buste en 1866.

À ce moment-là vient de se terminer aux États-Unis la guerre de Sécession. L'enthousiasme de Laboulaye, partisan des abolitionnistes, est à son comble.

Lors d'une soirée à laquelle est invité le jeune Bartholdi, il lance l'idée d'un monument qui scellerait l'amitié entre les peuples français et américain. Bien entendu, ce monument serait inauguré à l'occasion du centenaire de la Déclaration d'Indépendance, soit en 1876 ! ...

Suez avant New-York

.            En attendant, il faut composer avec un régime qui n'a pas de sympathie particulière pour la démocratie américaine.

Auguste Bartholdi, comme beaucoup d'artistes et d'intellectuels de son temps, cède à l'égyptomanie. Il visite les bords du Nil et rencontre Ferdinand de Lesseps, maître d'oeuvre du futur canal de Suez.

Il lui suggère d'ériger à l'entrée du canal une statue monumentale à l'image du colosse de Rhodes, mais qui serait, elle, conçue pour durer des siècles.

Son projet prend l'allure d'une paysanne égyptienne qui brandit une torche, avec une majesté toute antique. Malheureusement, il n'a pas l'heur de plaire au vice-roi d'Égypte Ismaïl Pacha et Bartholdi revient à Paris avec la maquette en terre cuite dans sa malle.

Arrive la guerre franco-prussienne. Patriote, le sculpteur de 36 ans sert comme chef d'escadron et aide de camp de Giuseppe Garibaldi dans l'armée des Vosges.

Tandis que la France est encore sous le coup de la défaite, Édouard Laboulaye, devenu député républicain, se montre plus que jamais convaincu de l'utilité du monument à la Liberté. Il suggère à son ami de se rendre aux États-Unis pour tâter le terrain.

Dès son arrivée dans la rade de New York, à l'automne 1871, Bartholdi repère l'emplacement idoine pour son futur monument, lequel serait inspiré de la paysanne à la torche qui devait ouvrir le canal de Suez.

C'est l'île de Bedloe, un îlot au milieu de l’Hudson à l’embouchure du chenal menant au port de New York (rebaptisée Liberty Island en 1956). Elle est visible de tous les arrivants de l'Ancien Monde et offre un point de vue à la fois sur le grand large et la cité. (Cette île, propriété du gouvernement fédéral, est administrée par le National Park Service, qui la considère comme une juridiction de l’Etat de New York. Mais elle est en réalité implantée dans les eaux territoriales du New Jersey. Une source interminable de dispute entre les deux Etats.)

Laboulaye et Bartholdi ont dans l'idée que le monument, d'un coût de 250.000 dollars (une somme colossale pour l'époque), soit financé par souscription, pour moitié par le peuple français et par le peuple américain, le premier se réservant la statue et le second le piédestal.

Bartholdi rencontre à cette fin le président Ulysses S. Grant, des sénateurs, des industriels et des journalistes. Mais ses interlocuteurs qui assimilent la liberté française au radicalisme de la Commune, se méfient de cette statue venue de l’Hexagone et demeurent très réservés à l'égard du projet... Tout comme d'ailleurs les élus et les notables français qui penchent majoritairement pour une restauration de la monarchie et en veulent surtout aux Américains d'avoir soutenu la Prusse dans la précédente guerre.

En attendant que la situation se débloque, Bartholdi s'attelle à une commande publique destinée à rappeler le siège héroïque de Belfort en 1870-1871. Ce sera le Lion de Belfort, une sculpture monumentale (on ne se refait pas) en granit des Vosges, adossée à la colline qui surplombe la ville. Il réalise également à cette époque la statue de La Fayette qui sera inaugurée en 1876, érigée à Union Square Park à Manhattan.

Course d’obstacles

.            Enfin, l'horizon se dégage : le régime politique bascule en janvier 1875 vers la République. Le projet de statue recueille désormais les faveurs de l'opinion mais le temps presse.

Laboulaye, qui a de la suite dans les idées, fonde un Comité de l'union franco-américaine, composé de modérés et de personnalités républicaines comme Hippolyte de Tocqueville, frère d’Alexis, l’auteur de De la démocratie en Amérique (1835 et 1840), en vue de lever des fonds : 400.000 francs de l’époque (2 millions de dollars actuels, soit 1,6 million d’euros) sont jugés nécessaires pour débuter le chantier.

Au mois de novembre, un somptueux gala est organisé dans la grande galerie du Louvre. La plupart des journaux modérés relayent la campagne de souscription. Bilan : 40 000 francs collectés. Et en sus, l’adhésion d’Elihu Washburne, ambassadeur américain en France, qui parvient à convaincre le Congrès de faire de Bedloe’s Island la terre d’accueil de la statue. Charles Gounod compose pour les généreux donateurs, à l'Opéra de Paris, un Hymne à la Liberté éclairant le monde. On leur offre aussi deux cents modèles réduits de la future statue.

Maquette en plâtre de la statue de la Liberté. Musée des Arts et Métiers, Paris - Wikimedia Commons

.            Auguste Bartholdi reçoit le concours d'une sommité du patrimoine en la personne d'Eugène Viollet-le-Duc. Celui-ci prescrit une peau composée de plaques de cuivre modelées par martelage sur des formes en plâtre. L'ensemble doit être monté sur une armature métallique, stabilisée par un remplissage en sable.

La fabrication peut commencer dans les ateliers de la société Monduit, Gaget, Gauthier et Cie, l’une des plus grandes fonderies et chaudronneries, rue de Chazelles, au nord de Paris. Elle mobilisera jusqu'à 600 ouvriers, qui vont confectionner par martelage les 300 feuilles de cuivre qui recouvriront le squelette métallique.

Mais il est devenu illusoire d'inaugurer la statue pour le centenaire de l'indépendance américaine. À tout le moins, Laboulaye et Bartholdi veulent profiter de l'Exposition universelle de Philadelphie de 1876 pour sensibiliser l'opinion américaine à leur projet.

Ils accélèrent le montage du bras droit et de sa torche afin de pouvoir les présenter sur place ! Le sculpteur profite alors de l’invitation de l’Union League Club pour exposer la main et le flambeau à l’Exposition Universelle Philadelphie. La pièce arrivera cependant après la célébration de l'Independence Day (04 juillet 1876), mais elle n'en recueillera pas moins un très vif succès auprès du public. Aux visiteurs qui s’enthousiasment, il entreprend de vendre photographies, lithographies, statuettes et même des fragments de métal extraits de la statue. Grâce à une première collecte de fonds, on met à l'étude le piédestal. Il est confié à un architecte de renom, Richard Morris Hunt, qui a déjà conçu le Metropolitan Museum de New York.

La torche est la première pièce achevée par les ouvriers, en 1876, dix ans avant l'inauguration de la Statue de la Liberté.

Comme les fonds manquent aussi pour la réalisation de la statue, Laboulaye présente une reproduction grandeur nature de la tête à l'Exposition universelle de Paris, en 1878, dont le modèle est Isabelle Boyer, âgée de 36 ans, alors mariée à l'industriel américain Isaac Merritt Singer (célèbre pour ses machines à coudre), avant d’épouser le duc de Campo Selice de Luxembourg.

Exposition universelle de 1878 à Paris. - Wikimedia Commons

Les visiteurs, impressionnés et séduits, souscrivent en masse et l'année suivante, le financement est bouclé avec plus de cent mille donateurs.

Montage dans les ateliers de « plomberie et cuivrerie d’art » Monduit, Gaget, Gauthier et Cie.

Mais un nouveau coup du sort frappe le projet : Viollet-le-Duc décède à 65 ans, emportant dans la tombe les principes de montage. Bartholdi se tourne alors vers Alexandre Gustave Bönickhausen, dit Gustave Eiffel (47 ans), un ingénieur et chef d'entreprise qui est en train de se bâtir une réputation internationale grâce à sa maîtrise des structures en acier.

À l'opposé de Viollet-le-Duc, il conçoit une charpente métallique légère qui, tel le roseau de la fable, saura résister aux plus violentes tempêtes en pliant et en se déformant. Il palliera les décharges électriques aux endroits où le fer entre en contact avec le cuivre par des tissus recouverts d’amiante en guise d’isolant.

Dernier coup du sort : Laboulaye décède à son tour le 25 mai 1883. Bartholdi porte désormais le projet sur ses seules épaules. Il invite le populaire Ferdinand de Lesseps à remplacer Laboulaye à la présidence du comité.

Peu à peu, la statue grandit et semble sortir de terre. Au début des années 1880, elle est la plus grande attraction du très calme quartier de la Plaine-Monceau. Elle dépasse d’une cinquantaine de mètres le bâtiment et devient par la même occasion le plus haut monument de Paris. Les journaux parlent de ce chantier hors du commun et les Parisiens se pressent pour aller voir la statue. Des visites payantes sont même organisées dans l’atelier.

Du président de la République, Jules Grévy, à Victor Hugo, qui qualifie la statue enfin terminée de « gage de paix permanent », les personnalités défilent pour la voir avant qu’elle ne soit officiellement présentée à l’ambassadeur américain Levi Morton, le 04 juillet 1884, dans la cour des Etablissements Gaget et Gauthier, pour ensuite être démontée. Les 350 pièces sont alors rangées et numérotées dans 214 caisses. Direction la baie de New York.

La Statue de la liberté, rue de Chazelle (1884 )

Le peuple américain se mobilise à son tour

.            Depuis 1877, les soutiens américains – avec l’Union League Club – s’efforcent tant bien que mal de réunir de quoi financer le socle, mais il reste bien difficile de convaincre les élites d’ouvrir leurs portefeuilles pour ce sculpteur français, Bartholdi, trop peu connu aux Etats-Unis. Le comité n'arrive pas à recueillir les fonds pour l'achèvement du piédestal.

.           Cependant, Auguste Bartholdi n'a pas attendu pour envoyer la statue à New York. De la gare Saint-Lazare à Rouen, la statue déboulonnée est transportée par chemin de fer. Elle entreprend ensuite la traversée de l’Atlantique à bord de la frégate Isère, armée par le gouvernement français, où embarquent la famille Bartholdi, les époux Gaget et une équipe de 12 ouvriers affectée au démontage et à la reconstruction du colosse. Après avoir affronté plusieurs tempêtes en plein océan, le bateau est accueilli en fanfare dans le port de New York le 17 juin 1885.

Mais les caisses resteront scellées sur le sol américain pendant un an ! Sur Bedloe’s Island, les fondations et le piédestal ne sont hélas pas achevés lors de l’arrivée de la statue démontée.

Pulitzer

.            Alors se lève, en mars 1885, un sauveur inattendu, Joseph Pulitzer. Né en Hongrie en 1847, ce jeune immigré devenu le patron du New York World, a inventé la presse populaire à scandale. Il multiplie les campagnes de presse en faveur du projet. Auguste Bartholdi le soutient en proposant des statuettes à un ou cinq dollars. C'est un succès. En cinq mois, les dons, généralement modestes, affluent. Le financement est enfin bouclé avec 100.000 dollars supplémentaires offerts par 120.000 donateurs dont les noms sont tous imprimés dans le journal.

L’architecte américain Morris Hunt dessina les plans du socle de la statue, qui s’inspire du phare d’Alexandrie. La construction débuta en octobre 1883, et la dernière pierre fut posée le 22 avril 1886. - Wikimedia Commons

.            Dès la fin de l’année, la construction du piédestal est enfin sur le point de s’achever. Sur Bedloe’s Island, les ouvriers s’attellent à l’assemblage de la statue, se suspendant à sa carcasse tels des alpinistes, le vent interdisant la mise en place d’un échafaudage.

Le montage de la statue dura deux ans et huit mois. Les Parisiens qui habitaient à proximité ont pu observer les différentes étapes de la construction, de la mise en place des échafaudages à la pause du dernier rivet à plus de 46 mètres de hauteur. - Wikimedia Commons

.            Le 28 octobre 1886, Frédéric Auguste Bartholdi assiste, ému, à l’inauguration de la statue en présence d’un million d’Américains en liesse. Pompiers, enfants et soldats défilent dans les rues pavées où des milliers de drapeaux français et américains sont agités avant que le président des Etats-Unis, Grever Cleveland – qui s’était un temps opposé au financement du projet – ne prononce un discours solennel. En ce jour décrété férié, un vent de liberté souffle au-dessus de New York

Un mythe américain

.           Sa torche levée vers le ciel dissipe les ténèbres ; « la Liberté éclairant le monde » est chargée d'une symbolique simple et accessible à tous. La statue tient dans sa main gauche une tablette où l'on peut lire « July 4th, 1776 » (Déclaration d'indépendance des États-Unis). Les chaînes brisées, à ses pieds, rappellent l'abolition de l'esclavage. Les sept rayons de sa couronne sont censés représenter les sept océans et continents de la Terre tels qu’on les comptait à l’époque. La couronne, enfin, comporte 25 fenêtres qui figurent autant de joyaux et d'où les visiteurs peuvent contempler la baie de New York.

Pour le corps de sa statue, le sculpteur a pu choisir comme modèle Jeanne-Émilie Baheux de Puysieux, une ancienne couturière devenue sa maîtresse et qu'il a dû épouser en catastrophe en 1875, lors d'un voyage aux États-Unis, pour ne pas heurter ses donateurs potentiels.

Quant au visage, a-t-il les traits de Charlotte la mère de l'artiste? d'une prostituée? d'une Communarde?... Peut-être après tout Bartholdi s'est-il contenté de reprendre les traits hiératiques, sévères et somme toute sereins d'une Athéna antique.

La statue, son visage, sa gestuelle, son drapé n'ont rien de sentimental ou d'érotique. Mais qu'importe. Inaugurée à la veille de la grande vague d'immigration qui a vu débarquer à New York des millions d'Européens chassés par l'oppression et la misère, elle est devenue le visage de l'Amérique rêvée et de la Liberté.

C'est elle que les manifestants de la place Tien An Men, en 1989, ont reproduite en plâtre. Laboulaye et Bartholdi imaginaient-ils que leur idéal ferait le tour du monde, de Paris à New York et Pékin ?

.            La statue de la Liberté appartient au National Park Service depuis 1933. Il s’agit d’une agence fédérale américaine en charge de la protection des parcs nationaux, des monuments nationaux, et autres sites historiques d’intérêt national. Depuis 1924, elle est classée « Monument national » des États-Unis, puis a été enregistrée au registre national des sites historiques. En 1976 elle entre aux sites remarquables de New York et depuis 1984 elle fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco. Et mérite bien son surnom de « Grande Dame ».

Postérité et répliques

.            La statue fut endommagée lorsque, le 30 juillet 1916, le réseau d'espionnage de l'Empire allemand, dirigé par Franz von Rintelen, fit sauter le dépôt de munitions de Black Tom Island à Jersey City pour empêcher la livraison de celles-ci à l'Entente. Une centaine de rivets cédèrent, entre autres dégâts. Depuis, la visite du bras et de la torche de la statue est interdite. L'accès de l'île fut interdit au cours des dix jours suivant l'explosion et, pour réparer le flambeau, le gouvernement engagea le sculpteur Gutzon Borglum, qui conçut plus tard le mont Rushmore.

En plus du remplacement de la plus grosse partie du fer de la charpente par de l'acier inoxydable et du renforcement de la structure même de la statue, la restauration du milieu des années 1980, financée par une campagne de cause marketing, concernait aussi le remplacement par une réplique de la torche originale (qui d’ailleurs avait déjà été momentanément remplacée par un phare qui n'avait fonctionné que de 1886 à 1891), la rénovation des escaliers internes, l'installation d'un ascenseur dans le socle et l'amélioration du système de climatisation. Le flambeau a été entièrement restauré et la flamme actuelle en métal recouvert de feuilles d'or reprend le modèle original de Bartholdi. Le musée de la statue de la Liberté sur Liberty Island a été achevé en 2019 ; il accueille la torche originale.

La statue fut déclarée monument national le 15 octobre 1924 et fut confiée au National Park Service le 10 juin 1933. En 1986, le centenaire de la statue de la Liberté fut marqué par quatre jours de festivités appelés « Liberty Weekend ».

.            La visite de l'intérieur de la statue est possible depuis son inauguration, même si l'accès au public a été plusieurs fois fermé pour des raisons de sécurité ou des travaux. Les visiteurs avaient la possibilité de grimper l'unique escalier en colimaçon au cœur de la structure métallique. La statue étant très exposée au soleil, il n'était pas rare que la température à l'intérieur du monument soit très élevée. Environ 30 personnes à la fois pouvaient grimper les 354 marches conduisant à la tête de la statue et à sa couronne. De là, il était possible d'apercevoir le port de New York, mais pas la skyline de Manhattan contrairement à une croyance répandue. Cela s'explique par le fait que le visage de la statue est orienté vers l’Est en direction de l'océan Atlantique et de la France. En outre, ce même panorama était relativement restreint étant donné que les 25 fenêtres de la couronne sont plutôt petites, la plus grande d'entre elles atteignant 46 centimètres de hauteur.

            Outre la maquette en plâtre de 2,83 m qui servit de modèle et est conservée au musée des Arts et Métiers de Paris, 21 répliques de taille diverses se trouvent dans de nombreuses villes en France (Paris en compte 6 !) ou une dizaine dans le monde.

.            Bien que contestée par certains, une hypothèse fait des nombreuses petites figurines que Gaget, avait eu l’idée de fabriquer et distribuées le jour de l’inauguration, l’origine du mot « gadget », du nom de l’atelier où la statue fut construite.

Un poème d’Emma Lazarus

.           Dès 1883, un sonnet de la poétesse Emma Lazarus (1849-1887), « The New Colossus (Le Nouveau Colosse) » a été gravé sur une plaque de bronze scellée dans le piédestal de la Statue de la Liberté. Le sonnet avait été sollicité par William M. Evarts comme donation à une œuvre de charité, menée par l'Art Loan Fund Exhibition in Aid of the Bartholdi Pedestal Fund for the Statue of Liberty afin de lever des fonds pour le piedestal.

Il s'adresse aux millions d'immigrants qui ont débarqué à Ellis Island et pour lesquels la statue de la Liberté figurait l'espoir d'une vie meilleure :

« Give me your tired, your poor,
Your huddled masses yearning to breathe free,
The wretched refuse of your teeming shore.
Send these, the homeless, tempest-tost, to me,
I lift my lamp beside the golden door !

Donne-moi tes pauvres, tes exténués
Qui en rangs pressés aspirent à vivre libres,
Le rebut de tes rivages surpeuplés,
Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête me les rapporte
De ma lumière, j'éclaire la porte d'or ! ».

Aquarelle représentant la Statue de la Liberté réalisée par sculpteur Bartholdi lui-même depuis le paquebot qui le ramenait en France après l’inauguration de son oeuvre (1886).

“Lady Liberté” en chiffres

46.05 mètres. La hauteur de la statue, le monument atteignant 93 m avec son piédestal de 46.95.

225 tonnes. Le poids total de l'édifice se compose de 125 tonnes d'acier et 30 tonnes de cuivre. Le socle, constitué de béton et de pierres granitiques, pèse à lui seul 70 tonnes.

7,19 mètres. C’est la longueur exacte de la tablette placée dans la main gauche de la statue. Ce livret porte l’inscription « July IV MDCCLXXVI » (4 juillet 1776), date de la déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique.

18 300 marteaux ont été utilisés par les ouvriers des ateliers Monduit, Gaget, Gauthier et Cie pour travailler les feuilles de cuivre de la structure métallique.

500 000 dollars de l'époque ont été dépensés pour construire la statue et son socle, ce qui représente 10 millions de dollars actuels, soit 8 millions d’euros.

39 kilomètres. C’était la portée du phare qui, de 1886 à 1902, était en lieu et place de la torche de Bartholdi.

354 marches : l'escalier intérieur qui emmène les visiteurs jusqu'à la célèbre couronne.

7 rayons, représentant les continents, ornent la couronne dressée sur la tête de la statue de Bartholdi.

✪ 16 : le nombre de répliques "miniatures" de la Statue de la Liberté érigées dans des villes françaises. A Paris, elle est située à l'extrémité de l'île aux Cygnes, face au pont de Grenelle, dans le 15e arrondissement. Elle mesure 11,50 m. Dans le monde, des répliques de la Statue sont visibles en Allemagne, au Brésil et même au Kosovo. En revanche, difficile d'en trouver en Grande-Bretagne, l'ancienne puissance coloniale chassée du sol américain par la guerre d'indépendance.