Les 50 Etats fédérés (territoires incorporés) des Etats-Unis

.          La Constitution, la « Loi Suprême », selon ses propres termes, acceptée le 17 septembre 1787 par la convention des 13 États réunie à Philadelphie. Pour la première fois dans l’histoire est instituée la fonction de Président. On y trouve la séparation des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Elle est appliquée depuis le 4 mars 1789.

Les États-Unis sont une république fédérale composée de 50 États fédérés (territoires incorporés) auxquels s’ajoutent le district de Columbia – comprenant la capitale Washington – et plusieurs autres territoires non incorporés (voir ci-après), soit un total de 59 « états ».

Les États fédérés américains, pratiquement 50 gouvernements qui couvrent 89.000 gouvernements locaux–comtés (3.225), districts, villes (35.946)-, sous l’autorité d’un gouverneur élu, signifient : 50 chefs d’Etat (gouverneurs) avec 50 administrations, 50 constitutions d’Etat, 50 drapeaux, 50 législatures d’Etat (50 parlements nationaux), 50 systèmes judiciaires. Chaque Etat fédéré a ses propres limites de mandat et processus d’élection des juges.

Les États fédérés américains disposent de leurs propres ressources fiscales ainsi que de pouvoirs législatifs et exécutifs étendus. Les lois en vigueur sont par conséquent très variables d’un État à l’autre. De grandes différences de taille et de poids démographique rendent souvent difficile la comparaison entre les États : la Californie est soixante-dix fois plus peuplée que le Montana, l’Alaska est neuf fois plus grand que la Floride.

Les États sont représentés de manière égale au Sénat des Etats-Unis (100 sénateurs élus pour 6 ans, renouvelables par tiers), chacun élisant deux sénateurs quel que soit son poids démographique. Ainsi les quatre États les plus faiblement peuplés que sont le Wyoming, le Vermont, le Dakota du Nord et l’Alaska (moins de 700 000 habitants chacun) ont le même poids que les quatre plus peuplés, la Californie, le Texas, l’État de New York et la Floride (respectivement 37.3, 25.1, 19.4 et 18.8 millions d’habitants). Par contre, à la Chambre des représentants des Etats-Unis (435 représentants élus pour 2 ans), le nombre de représentants est proportionnel à la population de l’État (avec un minimum d’un représentant par État).

Selon l’article IV de la Constitution, qui souligne les relations entre les États américains, ceux-ci doivent donner « Pleine foi et crédit » (Full Faith and Credit) aux lois et décisions des législatures et des tribunaux des autres États ce qui inclut en général la reconnaissance des contrats légaux, des mariages, des jugements criminels, et jusqu’au 13 janvier 1865, du statut d’esclave. Les États ne peuvent faire de discrimination à l’encontre des citoyens d’autres États et doivent respecter leurs droits fondamentaux, selon la clause « Privilèges et Immunités » (Privileges and Immunities Clause). Le gouvernement fédéral garantit aux États une défense militaire et civile, ce qui exige aussi que le gouvernement de chaque État reste celui d’une république.

.          Quatre États portent le nom officiel de Commonwealth : le Kentucky, le Massachusetts, la Pennsylvanie et la Virginie. Cette particularité n’implique aucune différence constitutionnelle avec les autres États.

Au 17ème siècle, le mot Commonwealth désignait une communauté politiquement organisée, avec le consentement du peuple, pour le bien commun (en référence à son usage en Angleterre). Le Massachusetts, la Pennsylvanie et la Virginie ont adopté cette désignation pour marquer leur indépendance de l’Angleterre.

Le Kentucky qui faisait à l’origine partie de la Virginie a conservé le titre de Commonwealth quand il est devenu autonome en 1792. Par contre, la Virginie Occidentale a renoncé au titre de Commonwealth lors de sa scission d’avec la Virginie en 1863, après avoir refusé de suivre celle-ci en 1861 au sein de la Confédération..  

     

 

            25, la moitié des États américains, portent des noms qui dérivent de langues amérindiennes : 8 de langues algonquiennes, 7 de langues sioux (dont 1 via l’illinois, une langue algonquienne), 3 de langues iroquoises, 1 de langues uto-aztèques et 5 d’autres langues amérindiennes :

Alabama           cueilleurs de herbes

Alaska              le continent

Arizona             petite source (en langue indienne)

Connecticut      à côté de la longue rivière [la mer] 

Dakota              l’ami ou l’allié 

Idaho                les pêcheurs de saumon [ida] de la tribu des Ho 

Illinois               guerriers ou hommes courageux 

Indiana             les indiens

Iowa                 beau pays 

Kansas             peuple du vent du sud 

Kentucky          grande plaine ou grande prairie 

Massachusetts  lieu des grandes collines 

Michigan           grande eau, ou grand lac 

Minnesota         eau trouble, ou eau teintée par le ciel (en sioux) 

Mississippi        le grand fleuve ou le père de toutes les eaux 

Missouri            grand fleuve boueux, ou grande pirogue (en langue algonquin) 

Nebraska          rivière peu profonde 

Ohio                 la belle rivière (en iroquois) 

Oklahoma         le peuple rouge 

Oregon             la belle eau 

Tennesse         le village (en cherokee)

Texas               les amis

Utah                 le peuple des montagnes de la tribu des Utes

Wisconsin         l’endroit où l’herbe pousse 

Wyoming          la grande prairie ou la grande plaine

Gouvernement

.          Chaque État dispose de sa propre constitution (celles de Georgie ou d’Alabama sont réputées pour être parmi les plus longues au monde). Cette constitution définit l’exercice et la répartition des pouvoirs au sein de l’État. Tous les États américains ont repris une forme de régime politique similaire à celui existant au niveau fédéral avec une branche exécutive, une branche législative et une branche judiciaire. Cela n’était pas une obligation, la Constitution des États-Unis exigeant juste des États qu’ils soient une république avec donc un gouvernement démocratique. Il pourrait ainsi y avoir un État avec un régime parlementaire.

Dans chaque État, le pouvoir exécutif est exercé par un gouverneur élu, qui est souvent à la tête d’un cabinet et par quelques autres responsables qui suivant les États peuvent être élus ou nommés. Ainsi 42 des 50 États élisent un lieutenant-gouverneur qui remplace le gouverneur en cas de vacance du poste. Suivant les États, il est élu en ticket, comme colistier lors de l’élection du gouverneur, ou lors d’une élection distincte. Les fonctions de secrétaire d’État, de trésorier de l’État ou d’auditeur de l’État peuvent être des fonctions élues ou nommées par le gouverneur suivant les États.

Le pouvoir législatif est exercé par la législature de l’État composé de deux chambres : un Sénat et une assemblée de l’État ou chambre des représentants (à l’exception du Nebraska qui n’a qu’une seule chambre). La branche judiciaire a à son sommet une Cour suprême de l’État. Celle-ci est l’autorité suprême de toute décision judiciaire concernant une loi de l’État, la Cour suprême des États-Unis n’intervenant que si elle considère le sujet touchant à la Constitution des États-Unis ou relevant d’une loi fédérale..

Adhésion à l’Union

.          Depuis la création des États-Unis, le nombre d’États est passé de 13 à 50. La Constitution américaine est assez laconique sur la manière dont de nouveaux États peuvent adhérer, notant que « de nouveaux États peuvent être admis par le Congrès dans l’Union » et interdisant qu’un nouvel État soit créé à partir du territoire d’un État existant ou par la fusion de deux ou plusieurs États en un seul sans le consentement à la fois du Congrès des États-Unis et de toutes les législatures des États impliqués.

En pratique, presque tous les États admis dans l’Union après les 13 d’origine ont été formés à partir de territoire des États-Unis. En général, le gouvernement d’un territoire organisé fait connaître le souhait de sa population pour sa constitution en État. Le Congrès demande alors au gouvernement territorial d’organiser une convention constitutionnelle. Après acceptation de cette Constitution, le Congrès peut alors reconnaître ce territoire comme un État. Les grandes lignes de ce processus ont été établies par l’Ordonnance du Nord-Ouest, qui est en fait antérieure à la ratification de la Constitution américaine.

Cependant le Congrès est l’autorité ultime pour accepter de nouveaux États et n’est pas obligé de suivre cette procédure. Quelques États américains, en dehors des treize d’origine, ont été admis sans avoir été des territoires organisés du gouvernement fédéral :

– le Vermont, une république non reconnue mais de facto indépendante jusqu’à son admission en 1791,

– le Kentucky, partie de la Virginie jusqu’à son admission en 1792,

– le Maine, une partie du Massachusetts jusqu’à son admission en 1820 à la suite du compromis du Missouri,

– le Texas, une république indépendante reconnue jusqu’à son admission en 1845,

– la Californie, créée comme État (comme partie du compromis de 1850) à partir des territoires non-organisés cédés par le Mexique en 1850, sans avoir été lui-même un territoire organisé,

– La Virginie-Occidentale, créée à partir des territoires de la Virginie qui ont rejoint l’Union après la sécession en 1861 de la Virginie pour rejoindre les États confédérés d’Amérique.

Le Congrès n’a aucune obligation d’accorder le statut d’État à des territoires dont la population le demande. Par exemple, la République du Texas demanda son rattachement en tant qu’État aux États-Unis en 1836, mais les craintes d’un conflit avec le Mexique retardèrent cette adhésion de neuf ans. Le Territoire de l’Utah se vit refuser son adhésion à l’Union en tant qu’État pendant des décennies, la domination du territoire par les Mormons et particulièrement la pratique de la polygamie par ses élites étant mal vue de Washington. Une fois établies, les frontières des États sont très stables, les seules exceptions majeures étant la cession par le Maryland et la Virginie de territoire pour créer le district de Columbia (la partie cédée par la Virginie lui sera rendue par la suite), une cession par la Georgie, une expansion du Missouri et du Nevada et le Kentucky, le Maine et le Tennessee respectivement issus d’une scission du Massachusetts et de la Caroline du Nord.

Les derniers États à avoir adhéré à l’Union sont l’Alaska en janvier 1959 et Hawaï en août 1959, respectivement 49e et 50e états de l’Union.

Le nombre d’étoiles sur le coin supérieur du drapeau américain correspond au nombre d’États dans l’Union (les treize bandes correspondant elles aux treize États d’origine). Cette disposition date de 1818, le rajout sur le drapeau intervenant le 4 juillet, jour de la fête nationale, suivant l’entrée dans l’Union du nouvel État.

« Aujourd’hui, très peu de territoires pourraient prétendre à devenir un nouvel État de l’Union. Puerto Rico est sans doute le candidat le plus sérieux. Le statut du district de Columbia est aussi en débat.

Pour les autres territoires, peu peuplés et dispersés, la question ne se pose pas vraiment. ».

Scission d’un État

.         S’agissant de la modification du territoire fédéral ou de celui des États fédérés, l’article IV de la Constitution, section 3, dispose que « aucun nouvel État ne pourra être formé ou créé sur le territoire soumis à la juridiction d’un autre État, aucun État ne pourra être formé par la réunion de deux ou plusieurs États, ou de parties d’États, sans l’accord des législatures des États concernés et du Congrès. »

Cela fut le cas du Maine, issu d’une scission du Massachusetts, ou de la Virginie-Occidentale et du Kentucky issus de la Virginie. Quand le Texas fut admis dans l’Union en 1845, il était beaucoup plus grand qu’aucun autre État existant et il lui fut spécialement accordé le droit de se diviser au plus en cinq États distincts, même si aucune tentative sérieuse dans ce sens n’a jamais été faite..

Sécession

.          La Constitution américaine est muette sur le cas d’un État souhaitant quitter l’Union même si pour des raisons historiques, jurisprudentielles, sociales (sentiment des habitants d’appartenir à une même nation) et le poids actuel du gouvernement fédéral, une sécession d’un État paraît quasi-impossible. L’exemple le plus célèbre est la sécession de 11 États en 1861 pour former les États confédérés d’Amérique qui conduisit à la guerre de Sécession et au retour par la force des États sécessionnistes dans l’Union. Parmi les mouvements sécessionnistes existants, nombreux tiennent du folklore mais certains mouvements ont acquis une influence dans l’État concerné voire une certaine notoriété nationale, on peut ainsi citer l’Alaskan Independence Party ou le Mouvement hawaïen pour la souveraineté. Le Parti libertarien, comme différents autres mouvements américains idéologiquement proches, prône lui plutôt un État fédéral réduit à sa plus simple expression (Free state project).

.La Caroline du Sud bientôt séparée des États-Unis ? Les élus républicains de la Caroline du Sud proposent (05 avril 2018) un projet de loi qui permettrait la sécession de l’État dans le cas où le gouvernement fédéral violerait le deuxième amendement de la Constitution et commençait à saisir les armes légalement achetées dans cet Etat. La Caroline du Sud a été le premier État à se séparer de l’Union en 1860 au début de la guerre civile.

Les Territoires non incorporés des Etats-Unis d’Amérique

.          Les États-Unis possèdent plusieurs «régions administratives associées» qui n’ont pas le statut d’«État de l’Union». On les appelle officiellement «territoires non incorporés» (« unincorporated territories« ), ou encore « overseas possessions » ou « insular areas ».

Le président des États-Unis y est le chef de l’exécutif, mais ces territoires sont sans députés avec droit de vote, ni sénateurs pour les représenter au Congrès des États-Unis.

Il s’agit dans tous les cas d’îles constituant une sorte de «protectorat américain», toutes situées dans les Antilles ou dans l’océan Pacifique. Ces régions administratives des États-Unis comptent une population totale de 3.8 millions d’habitants (supérieure à celle cumulée des 5 Etats les moins peuplés), mais en diminution sensible depuis deux décennies. La quasi-totalité habite à Porto-Rico, qui compte autant d’habitants que le Connecticut.

Parmi les territoires non incorporés, on distingue les «territoires organisés» (« organized territories« ) et les «territoires non organisés» ( »unorganized territories« ), bien que dans le droit américain ces termes ne renvoient pas à des significations très précises..

Les territoires organisés (non-incorporés)

.          Les territoires organisés sont au nombre de quatre :.

Les habitants de ces territoires sont citoyens des États-Unis, ils élisent leur gouverneur, mais comme le District de Columbia, leurs parlementaires ne votent pas les textes de loi. Ces territoires appliquent en principe et au moins en partie la Constitution des États-Unis, mais ils ont leur propres gouvernement et parlement locaux, totalement indépendants du Congrès américain.

Juridiquement, les territoires organisés, sans en avoir l’obligation, ont adopté l’anglais comme langue officielle, Porto-Rico ayant également l’espagnol comme langue co-officielle.

Porto Rico et les Îles Mariannes du Nord portent le titre de «Commonwealth», ce qui correspond à des «États librement associés» ( »Associated Free State« ), reconnus au plan international. Ils disposent d’un statut d’autonomie leur permettant d’être parties aux traités internationaux, au contraire des autres territoires organisés où la Constitution des États-Unis est beaucoup plus largement appliquée.

Ces territoires sont fortement tributaires des financements fédéraux. S’ils songeaient à demander un statut d’État, ils devraient probablement s’associer pour augmenter leur population et leur superficie – avec peut-être l’ajout des territoires non organisés sous tutelle fédérale : Palaos et les îles Marshall..

Porto Rico

.          Les Portoricains sont citoyens des États-Unis depuis 1917. Cette île des Antilles, territoire américain (et non un Etat) depuis la victoire des États-Unis sur l’Espagne en 1898 (comme Hawaï) est peuplée de plus de 3,2 millions d’habitants (plus que les vingt-deux États américains les moins peuplés). Le territoire non incorporé de Porto Rico, (son titre exact est Commonwealth de Puerto Rico, sans rapport avec les Commonwealths des quatre États américains) ne dispose que d’une très faible représentation au Congrès. Les habitants de l’île, qui possèdent un passeport américain, paient des impôts et bénéficient de certains privilèges, comme le Medicare, mais leur délégué à la Chambre des Représentants des États-Unis, le Resident-commissioner, est sans droit de vote au Congrès ou aux élections présidentielles, et ils n’ont aucun sénateur. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est élire une personnalité similaire à celle du gouverneur.

Le président George H. W. Bush publia un memorandum le 30 novembre 1992 à destination des responsables des départements et des agences de l’exécutif américain pour établir les relations entre le gouvernement fédéral et le Commonwealth de Porto Rico. Le mémorandum demandait à tous les départements et agences fédérales de traiter administrativement Puerto Rico comme s’il était un État américain, dans la mesure où cela ne pertuberait pas les programmes ou opérations fédérales.

Le gouvernement de Puerto-Rico, qui a à sa tête un gouverneur élu, a organisé plusieurs référendums sur la question du statut de l’île lors des dernières décennies, même si le Congrès ne se sentait pas engagé par ces consultations. Jusqu’à présent, tous les résultats montrent une victoire étroite des partisans du statu-quo sur ceux partisans d’un État, un petit nombre souhaitant l’indépendance. Le 11 juin 2017, les Portoricains ont voté pour faire de leur île caribéenne en faillite le 51e Etat américain. Un vote purement consultatif marqué par une énorme abstention (22,7 % de participation) parmi les 2,2 millions d’inscrits..

.            En 2021, Porto Rico abrite au moins 1.200 entreprises américaines et plus de 2.000 individus fortunés. L’île possède l’une des plus fortes concentrations de milliardaires américains au prorata de ses 3,2 millions d’habitants. La situation de Porto Rico qui est un territoire américain et non un État, découle des diverses mesures d’incitation fiscale mises en place à partir de 2012 afin d’encourager les investissements à Porto Rico (Act 60), ce qui constitue une autre particularité étant donné que les États-Unis sont les seuls au monde à taxer leurs citoyens même s’ils vivent et génèrent des revenus à l’étranger.  

Les territoires non organisés

.          Les territoires non organisés n’appliquent pas directement la Constitution des États-Unis, et quand ils sont habités, leurs gouvernement et parlement locaux sont totalement indépendants du Congrès américain. La plupart sont non incorporés. Ils ne peuvent pas être parties à des traités internationaux.

Les territoires non organisés sont les suivants:.

les Samoa américaines

.             Elles constituent la seule île habitée des «territoires non organisés», avec un gouvernement autonome et un parlement local, mais non reconnu officiellement comme un territoire auto-gouverné. La Constitution des États-Unis n’y est pas appliquée, pas plus que dans les îles inhabitées. Les habitants de ces territoires sont citoyens des États-Unis.

8 îles mineures éloignées des Etats-Unis :

(L’atoll Johnson, servait de base militaire-essais nucléaires- et était occupée par quelques centaines de militaires et sous-traitants jusqu’en 2004).

latoll Palmyra

.            C’est un «territoire non organisé mais incorporé», un refuge faunique d’une superficie de 12 km² et faisant partie de l’archipel des îles de la Ligne (Line Islands).

Il existe également d’autres petites îles revendiquées ou annexées par les États-Unis, sans compter

Guantanamo 

.            Une base navale américaine dans le sud-est de l’île Cuba, qui abrite en particulier un centre de détention militaire de haute sécurité.

Les Îles Marshall

.          Les Japonais y débarquèrent en 1914, puis les administrèrent comme territoire sous mandat accordé par la Société des Nations à partir de 1920. Ellesfirent prises par les États-Unis en 1944 puis placées sous leur tutelle en 1947. Dès la fin de la guerre, les États-Unis commencent à effectuer des essais nucléaires qui continuent jusque dans les années 1960 (des réclamations de dédommagements sont toujours en cours). Un accord (en) d’association libre avec le gouvernement américain devient effectif en 1986, avec la dissolution de l’ancienne tutelle. L’indépendance formelle date du 22 décembre 1990, date à laquelle le Conseil de sécurité des Nations unies ratifie la fin de la tutelle.

Les Palaos furent perdues par le Japon qui les occupait à partir du 8 octobre 1914, au profit des États-Unis en 1944. Ce pays les administre à partir du 18 juillet 1947 dans le cadre du territoire sous tutelle des îles du Pacifique confié par un mandat des Nations unies. Elles sont indépendantes des Etats-Unis depuis le 1er octobre 1994.

Washington, DC : le rêve inassouvi du 51e État américain

Le Figaro – Adrien Jaulmes – 09 jun 2021

.            C’est une bataille politique presque aussi vieille que les États-Unis eux-mêmes : la capitale fédérale est dotée d’un statut spécial qui la prive de représentation au Congrès. Alors que les démocrates viennent de voter à la Chambre la transformation du district de Columbia en 51e État, l’obstacle du Sénat semble toujours infranchissable.

.            The District’, ou simplement D.C., fondé en janvier 1791, est la capitale fédérale, une ville indépendante créée à la suite de la signature du Residence Act en 1790, qui prévoyait la création d’une capitale fédérale. Washington, D.C. ne fait partie d’aucun des États fédérés américains. Administrativement, il dépend directement de l’État fédéral américain.

.            En dehors de toute période électorale, des panneaux politiques sont réapparus sur les pelouses de la capitale fédérale américaine. Ils réclament « un État pour le peuple de DC ! », le district de Columbia. La question du statut de ce territoire est un débat ancien, qui remonte presque à sa création par la Constitution américaine. Elle est revenue en force ces derniers mois pour devenir un sujet national. En novembre 2016, les habitants avaient voté à 85 % en faveur de l’accession du district au statut de 51e État de l’union. Ce résultat avait été à l’époque occulté par la victoire de Donald Trump. Le retour au pouvoir des démocrates a relancé le projet.

Intitulée HR51, la loi visant à transformer le district de Columbia en État a été votée le 22 avril dernier à la Chambre des représentants par tous les élus démocrates. Elle a aussi reçu le « soutien inconditionnel » de Joe Biden. Le nouvel État serait baptisé « Washington, Douglass Commonwealth », en accolant au nom du premier président américain celui du célèbre abolitionniste et intellectuel noir, Frederick Douglass, gardant ainsi les mêmes initiales à Washington, DC. Comme les autres réformes démocrates, le projet risque d’être bloqué au Sénat par les républicains, qui l’ont déjà tous rejeté à la Chambre. Mais c’est la première fois que la tentative va aussi loin.

Frederick Douglass, né Frederick Augustus Washington Bailey en 1817 ou 1818, et mort le 20 février 1895 à Washington, est un orateur, abolitionniste, éditeur et fonctionnaire américain. Né esclave, il réussit à s’instruire et s’enfuir. Communicateur éloquent, il devient agent de la Massachusetts Anti-Slavery Society.

Bizarrerie historique 

.            220 ans après sa fondation, le district de Columbia possède un statut administratif et juridique à part. La capitale américaine est gouvernée par un maire et un conseil municipal qui s’occupent de l’administration locale, mais le Congrès conserve un droit de regard sur les affaires du district, notamment ses finances. Les habitants peuvent voter depuis 1961 à l’élection présidentielle, mais le district de Columbia n’a pas de gouverneur ni de sénateurs et son unique représentant à la Chambre est dépourvu du droit de vote. Cependant, il dispose de trois grands électeurs. « Le district est une bizarrerie historique », admet J.D. Dickey, historien et auteur d’une histoire de Washington, DC, Empire of Mud (non traduit). « C’est aussi un paradoxe assez ironique : il est créé par la Constitution d’un pays fondé sur le droit à la représentation, mais cette même Constitution n’accorde pas ce droit aux habitants de sa propre capitale. »

L’élection des représentants qui votent leurs impôts est l’un des principaux arguments des partisans de l’accession de Washington, DC au statut d’État. En effet le district paye les impôts fédéraux, une situation résumée avec amertume et humour depuis les années 2000 par la formule, inspirée de l’indépendance américaine, sur les plaques d’immatriculation : « Taxation without representation » « Imposés sans représentation ». En mars dernier, la maire du district, Muriel Bowser, auditionnée par le Congrès, avait demandé aux parlementaires de corriger cette injustice. « Je suis née à Washington, DC. Ma famille et moi, sans que ce soit un choix de notre part, avons été privés depuis plusieurs générations de ce droit fondamental promis à tous les Américains… Refuser le droit de voter dans l’organe qui vous taxe va à l’encontre des principes fondateurs de cette grande nation. Que Washington en soit privé est l’une des dernières injustices flagrantes de notre époque en matière de droits civiques », a-t-elle ajouté, exhortant les parlementaires à « faire ce que les législateurs n’ont pas réussi à corriger en plus de deux siècles, et à accorder la pleine démocratie aux résidents du district ».

Dans un pays profondément divisé politiquement, où les deux partis sont opposés sur presque tous les sujets, le changement de statut de Washington s’est heurté à la ferme opposition des républicains. Leur refus est avant tout politique. Washington est une ville très majoritairement démocrate, où Joe Biden a remporté 93 % des voix. Les républicains n’ont aucune intention de donner à leurs adversaires deux sièges supplémentaires dans un Sénat actuellement divisé en deux moitiés égales. D’autres arguments ont été avancés, allant du fait que le district n’était pas assez peuplé ou comptait trop de fonctionnaires, jusqu’à l’absence d’usines ou de fermes.

« Assécher le marécage » 

.            De leur côté, les partisans du nouvel État ont rappelé que le district de Columbia, avec 711.571 habitants, est plus peuplé que certains États comme le Wyoming ou le Vermont. Mais le statut particulier de ce territoire, créé par la Constitution américaine, est un écheveau juridique et historique complexe. « Lorsque le district a été créé, les deux États voisins du Maryland et de Virginie ont cédé une partie de leur territoire pour qu’il devienne celui de la capitale fédérale, pas pour créer un État supplémentaire », explique Robert Natelson, spécialiste de droit constitutionnel et membre de la Federalist Society, qui prône une lecture la plus littérale possible de la Constitution. La rive droite du Potomac ayant déjà été rétrocédée à la Virginie en 1846, des élus républicains ont proposé de rendre l’autre partie de Washington, DC à l’État du Maryland, les habitants pourraient ainsi voter aux élections législatives sans affecter l’équilibre au Congrès.

Un autre argument est que le district a été créé pour prémunir les institutions fédérales contre d’éventuelles pressions de la rue et que la création d’un État pourrait placer le gouvernement américain en terrain hostile plutôt que « neutre ». « En 1783, le Congrès, qui siégeait à Philadelphie, avait décidé de créer une capitale indépendante après avoir été menacé par une émeute des anciens combattants de la guerre d’indépendance qui réclamaient leur solde », rappelle Robert Natelson.

L’émeute du 6 janvier 2021, où le Capitole a été pris d’assaut par une foule de militants trumpistes venus de tous les États-Unis, est venue confirmer que le statut spécial du district ne le rendait pas moins vulnérable, même si l’interdiction de porter des armes en vigueur a empêché les manifestants d’être armés. « Affirmer que les habitants de Washington doivent rester privés de leurs droits pour protéger les intérêts du gouvernement fédéral est dangereux, dépassé et carrément insultant », a dit Muriel Bowser pour répondre à cet argument.

L’hostilité des républicains à la transformation de Washington, DC en État dépasse la simple arithmétique électorale. Dans l’imaginaire des électeurs républicains, la capitale fédérale est fréquemment représentée comme le siège d’un gouvernement coûteux, corrompu et inefficace, et le symbole d’un pouvoir non démocratique exercé par une caste de hauts fonctionnaires. Cette détestation de la capitale a été portée à son paroxysme sous Donald Trump. Le président avait promis au moment de son élection d’« assécher le marécage », un surnom donné à Washington. Il a pendant quatre ans gouverné en professant une hostilité affichée envers cette ville et les institutions de l’État fédéral. Cet antagonisme a culminé en juin 2020, pendant les manifestations déclenchées par la mort de George Floyd. Muriel Bowser s’était alors opposée au président, qui voulait déployer la Garde nationale puis l’armée d’active dans le district pour rétablir l’ordre. En un geste de défi, elle avait fait peindre le slogan « Les vies noires comptent » en lettres géantes sur la chaussée devant les grilles érigées par Trump autour de la Maison-Blanche.

Déséquilibre politique 

.            La question raciale reste fondamentale dans une ville longtemps majoritairement noire, et où les Africains-Américains continuent de représenter 45 % de la population. « Washington est un symbole », explique Chris Myers Asch, historien et coauteur de Chocolate City, une histoire de race et de démocratie dans la capitale. « À la création du district fédéral en 1801, la question raciale n’entre pas en ligne de compte puisque les Noirs ne votent pas. Mais, après la guerre de Sécession, les Noirs obtiennent le droit de vote et participent massivement aux élections locales, en opérant des changements radicaux. Cette expérience prend vite fin. En 1871, Washington est privée de toute représentation et est administrée par trois officiels nommés par le ­Congrès. Cette situation dure presque un siècle, jusqu’au moment des droits civiques en 1960, quand est voté le XXIIIe amendement. » Ce XXIIIe amendement rend paradoxalement le statut du district de Columbia plus difficile à changer puisqu’une révision de la Constitution nécessite le vote des deux tiers du ­Congrès ou des États de l’union.

« Une révision constitutionnelle n’est pas nécessaire pour créer un nouvel État, affirme Myers Asch, le Congrès a déjà réduit la taille du district en 1846. Il peut très bien le rétrécir encore, en ne laissant qu’un district fédéral de quelques miles carrés, englobant la Maison-Blanche et le Congrès, et faire du reste un nouvel État. » Cette solution a été adoptée par la nouvelle loi HR51, qui prévoit de laisser comme capitale fédérale un minuscule périmètre comprenant la Maison-Blanche, le Capitole et la Cour suprême, avec les principaux édifices officiels et les ministères du centre-ville. Le reste de l’agglomération deviendrait le nouvel État de Washington, Douglass Commonwealth.

Une autre solution avancée pour dépasser l’hostilité des républicains serait d’annuler le déséquilibre politique créé par l’admission d’un État à majorité démocrate en accordant simultanément ce statut à Porto Rico, autre territoire associé au statut ambigu, qui a lui aussi voté par référendum en faveur de son entrée dans l’union. La dernière admission de nouveaux États remonte à 1959, quand les deux territoires non contigus d’Alaska et d’Hawaï sont devenus les 49e et 50e membres des États-Unis.

New York.

.            La question de la séparation de la ville de New York de l’État de New York est régulièrement posée dans la métropole américaine mais sans réel projet et souvent brandie pour des raisons fiscales, la ville estimant payer trop d’impôts à l’État.

L’achat de l’Alaska.

.            Le détroit de Béring, large de 83 km, sépare la Sibérie orientale du continent nord-américain. Il doit son nom au navigateur Vitus Béring, un explorateur danois au service de la marine russe, qui a traversé le détroit durant l’été 1728.

.            L’achat de l’Alaska (alors connu sous le nom de Russie d’Amérique) fut l’objet d’un traité international entre l’Empire russe et les Etats-Unis. La cession de ce territoire, d’une superficie d’environ 1.600.000 km2, fut consentie en 1867 contre le paiement de 7.200.000 dollars.

L’Empire russe était alors en difficulté financière et craignait de perdre ce territoire dans un conflit avec l’Empire britannique déjà propriétaire du Canada. Dans ce contexte, le tsar Alexandre Il accepta de vendre et chargea le baron Edouard de Stoeckl, d’abord chargé d’affaires, puis ministre résident à Washington, d’ouvrir des négociations. Elles commencèrent en 1858 et s’achevèrent le 30 mars 1867 avec le Secrétaire d’Etat William Seward.

L’achat fut à l’époque tourné en ridicule par la presse américaine mais les enjeux stratégiques ont vite prévalu. La Russie avait été un allié de valeur pendant la guerre de Sécession, contre le Royaume Uni ennemi. II paraissait utile d’aider la Russie au détriment des Anglais qui pouvaient voir dans l’Alaska, voisin du Canada, une valeur stratégique.

L’Alaska comptait alors environ 10.000 habitants et son activité était essentiellement tournée vers le commerce de la fourrure et l’or du Klondike a attiré de nombreux prospecteurs.

La population actuelle atteint plus de 724.000 personnes avec de grandes villes comme Anchorage et Fairbanks. Pêche, conserverie, forêts, pétrole, réserves de faune et flore en sont maintenant les ressources principales. C’est aujourd’hui un univers économique différent qui vaut largement les sept millions de dollars. Demain peut-être, avec la fonte des glaces de la banquise, la « route du nord » sera ouverte toute l’année autour du pôle Nord.

En janvier 1959, l’Alaska est devenu le 49ème état des Etats-Unis. L’achat de l’Alaska par les États-Unis fait l’objet d’une célébration le dernier lundi de mars, journée chômée en l’honneur de William Henry Seward : le « Seward day ».

En remerciement du succès de ses négociations, le tsar Alexandre II récompensa Edouard de Stoeckl en lui octroyant 25.000 dollars et une pension annuelle de 6.000 dollars. Pour des raisons de santé, Stoeckl démissionna en 1869. Il passa la fin de sa vie en France et mourut âgé de 87 ans, le 26 janvier 1892 en son domicile parisien. Il est inhumé dans le carré J, tombe 24 du cimetière de Saint-Germain-en-Laye.