Le Ku Klux Klan
D'après : National geographic–HS jun-jul 2018 / Herodote.net – André Larané – 18 mar 2019 / Geo.fr - Marine Jeannin – 12 août 2020
. Pendant la Reconstruction, cette période de l'histoire des États-Unis d’une douzaine d’années (où se situe Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell) qui a fait suite à la guerre de Sécession, les droits civiques des Noirs ont connu une embellie sans précédent. Le Bureau des Affranchis (Freedmen's Bureau), créé en mars 1865, aide les anciens esclaves à s’insérer dans le tissu économique et social du Sud et à faire respecter leurs droits fraîchement acquis. Le 13ème amendement de la Constitution abolit l’esclavage le 18 décembre 1865, le 14ème accorde en 1868 la citoyenneté à toute personne née ou naturalisée aux États-Unis, et le 15ème garantit en 1870 le droit de vote à tous les citoyens des États-Unis. Le cauchemar des Confédérés devient réalité : leurs anciens esclaves peuvent désormais voter.
1865 - 1870 : le premier Klan
. Les ex-Confédérés répondent aux "insolences" des affranchis et des carpetbaggers (individus originaires du Nord des États-Unis venus s'installer dans le Sud lors de la Reconstruction, avec l'intention de profiter de la situation confuse du pays) par des flambées de violence raciale, qui vont aller crescendo tout au long de la Reconstruction. Certaines sont spontanées, comme les émeutes raciales de la Nouvelle-Orléans en 1866, qui font 48 victimes noires. Mais les Blancs conservateurs et racistes du Sud passent vite à la vitesse supérieure, et se regroupent, dès la seconde moitié des années 1860, dans des sociétés secrètes paramilitaires : les Chevaliers du Camélia blanc en Louisiane, les Chevaliers du Soleil levant au Texas, les Chevaliers de La Croix noire, les Fils du Sud, la Société de la Rose blanche, la Fraternité blanche ... et le Ku Klux Klan (KKK), fondé lors de la nuit de Noël 1865, par six jeunes officiers sudistes humiliés par leur défaite et démobilisés à Pulaski (Tennessee).
Les fondateurs du KKK, frustrés de l'augmentation sans précédent de l'immigration aux Etats-Unis, se sentent dépossédés du pouvoir de vie et de mort qu’ils avaient sur leurs anciens esclaves, et l’égalité apportée par la loi leur semble insupportable ; ils se sont ainsi presque naturellement unis pour organiser la lutte et la résistance face à cette révolution.
Pour entretenir le mystère et envelopper le Klan d’une aura sacrée et intimidante, le nom est compliqué et mystérieux, difficile d’accès pour le profane. « Ku Klux » est l'association des mots kuklos (‘cercle’ en grec ancien), lux (‘lumière’ en latin) et de « Klan », un terme vaguement écossais (clan, les membres d'une vaste famille, descendant tous d'un ancêtre commun, et reconnaissant l'autorité patriarcale du chef du clan). Plusieurs des fondateurs étaient d'origine écossaise ; l'un d'eux, un dénommé Kennedy, était cependant d'origine irlandaise, mais protestant comme les autres !
Quatre membres du Klan à côté d’une croix incendiée, 31 juillet 1927.
Tous ces hommes sont bien insérés dans la vie sociale, avec des revenus décents ou confortables, et l'un d'eux possède même le journal de Pulaski. Comme les francs-maçons, ils appellent leurs organisations locales des « loges », qui sont dirigées par un chef suprême, le « Grand Sorcier ».
L’idéologie du Klan proclamait alors que les Blancs, seuls, pouvaient diriger le pays tandis que les anciens esclaves et leurs descendants, fraîchement émancipés, venaient d’obtenir la citoyenneté américaine. Le Ku Klux Klan se considérait ainsi comme un rempart chrétien contre la désintégration de la société blanche protestante, et voulait donc maintenir et conforter la suprématie de cette société.
Le Klan, organisé en groupes de résistance secrets formant une sorte de fédération, avec une organisation mi-religieuse, mi-militaire, va attirer des planteurs, excédés par les exactions des Nordistes ainsi que d'anciens soldats, officiers et généraux confédérés.
Le « boys club » de Pulaski prend véritablement de l’ampleur en 1867 lorsqu’il est rejoint par Nathan Bedford Forrest, un ancien général de cavalerie de l’armée sudiste. Propriétaire d'esclaves et ancien général de cavalerie confédéré, excellent tacticien, surnommé the Wizard of the Saddle (« Sorcier de la Selle ») - il est le premier à endosser l’habit de « Grand sorcier » du Ku Klux -, il traîne l'accusation d'avoir fait massacrer les 600 hommes de la garnison de Fort Pillow, dont une majorité d'anciens esclaves noirs, après qu'ils se soient rendus le 12 avril 1864. C'est lui qui devient le premier « Magicien Impérial » du KKK. Il structure le groupuscule en une organisation terroriste efficace : à cheval, vêtus de longues robes blanches et coiffés de cagoules de la même couleur, le Ku Klux Klan devient l’âme vengeresse des ex-Confédérés. Forrest endosse la cagoule de Grand Sorcier et se fait seconder de ses Dragons, Titans, Géants et Cyclopes.
En 1868, il pose les nouvelles fondations du Klan, défini comme une "institution chevaleresque, humanitaire, miséricordieuse et patriotique", qui se donne comme "but sacré" le "maintien de la suprématie de la race blanche dans cette République". Seuls les anciens combattants confédérés sont autorisés à prendre la cagoule, celle-ci cachant leur identité, cela créant de surcroît un attrait pervers pour un grand nombre d'éminents hommes d'affaires, politiciens ou policiers. Les recrues, nombreuses, viennent surtout du Tennessee, d’Alabama et de Caroline du Nord. Dans une interview du 28 août 1868, Forrest se vante de compter un demi-million de membres, et présente le KKK comme une organisation politico-militaire destinée à protéger la veuve et l’orphelin sudistes contre les exactions de l’armée fédérale et des affranchis.
Nathan Bedford Forrest (1821, Bedford, Tennessee ; 1877, Memphis, Tennessee). En 2021, ses restes sont transférés de Memphis au Musée national confédéré d’Elm Springs à Columbia (Tennesse).
Le Klan, qui par son organisation, s’assura très rapidement le leadership de ce type de clans, s’appuyait naturellement sur une nébuleuse d’organisations similaires. Sous ses dehors « donquichottesques », les méthodes des cavaliers blancs sont celles d’un groupuscule terroriste. Le KKK établit des rituels destinés à entretenir peur et soupçon. Leurs réunions ont souvent lieu la nuit avec l’utilisation de flambeaux qui, associés aux robes blanches et aux cagoules, donnent un air effrayant à un tel tableau, pour qui en serait le témoin ou viendrait à croiser une de leurs processions.
Outre ces cérémonies clandestines, lors de virées nocturnes à cheval, vêtus de tenues colorées, s'habillant souvent en fantômes et de taies d'oreiller, les Klansmen cherchent à terroriser leurs victimes par la violence et l'intimidation. ils organisent des exactions violentes : incendie des églises et des écoles noires, lynchages, assassinats ciblés. Le tout, dans un but bien précis : empêcher les Noirs de faire usage de leurs droits civiques et en particulier les tenir éloignés des urnes, leur vote risquant de bouleverser les équilibres du pays ; donc saboter les élections locales dans les États du Sud pour qu'aucun membre du Parti républicain n’y soit élu.
En terrorisant et assassinant les Noirs, le Klan tente en outre de les empêcher de vivre en sérénité dans une Amérique encore bouleversée par ces profonds changements de société. Ils utiliseront également toutes les ressources de la loi pour établir un régime de ségrégation raciale et n'hésiteront pas à s'en prendre aux Blancs libéraux. Et le Klan ne recule devant aucune intimidation, s’en prenant non seulement aux Afro-Américains, mais aux employés du Bureau des Affranchis, aux carpetbaggers et aux scalawags, ces Sudistes accusés de "collaborer" avec les Yankees (habitants de tout État du Nord-Est des Etats-Unis).
Bien que les encagoulés ne parviennent guère à jouer un rôle déterminant en politique, le nom de Ku Klux Klan essaime à travers le sud des États-Unis et a vite été prononcé avec effroi. Les suprémacistes, qui étaient déjà quelques dizaines de milliers suivant les Etats à la fin du XIXe siècle, ont exercé leur œuvre de haine, semant la terreur, pillant, violant, tuant, le plus souvent par pendaison, « pour l’exemple ». Mais bientôt des informations circuleront faisant état de flagellations et de lynchages. Par centaines, noirs, hommes, femmes, enfants, sont battus, torturés, assassinés et en outre, cela est aussi le sort de nombreux fonctionnaires républicains, de maîtres d’écoles, de docteurs venus dans le Sud dans le cadre du travail du Bureau des Affranchis.
1871 - 1915 : la clandestinité
. De plus en plus mis à l’écart par les Démocrates du Sud, dès 1869, Forrest sera amené à prononcer officiellement la dissolution de ce premier Klan.
Le président Grant fera voter par le Congrès en 1870/ 1871 les Enforcement Acts (Force Acts), trois lois pour protéger les droits constitutionnels des Afro-Américains menacés par les actes terroristes du Ku Klux Klan dans les États du Sud, légalisant ainsi la dissolution du groupe de haine.
Mais cette dissolution par Forrest est purement tactique et faciale, car l'« Empire invisible du Klan » poursuit ses exactions : pour la seule année 1871, on compte 297 Noirs qui se font lyncher à La Nouvelle-Orléans et 200 dans l’état du Mississippi et on dénombrera encore au moins 3.500 noirs assassinés jusqu'en 1875, malgré l'envoi de troupes fédérales dans les comtés du Sud. Il est vrai que l'essentiel de l'armée est mobilisé par les guerres indiennes.
Le Congrès finit par adopter en 1875 une ambitieuse loi sur les droits civiques, le Civil Rights Act, qui vise à garantir à tous l'égalité des droits dans les transports et dans les lieux publics sans distinction de race. Dans les faits, cette législation est aisément contournée par les États du Sud, et la ségrégation raciale est reconnue officiellement en 1896 par l’arrêt Plessy v. Ferguson. Le KKK perd ainsi sa raison d’être et cesse d’exister sur la scène politique.
En 1877, en échange du soutien que lui ont apporté les démocrates du Sud, le nouveau président Rutherford B. Hayes retire les troupes fédérales de la région. Dès lors, dans les États du Sud, des lois ségrégationnistes (lois « Jim Crow », une série d’arrêtés et de règlements promulgués entre 1876 et 1964) se mettent très officiellement en place avec le feu vert de la Cour suprême (arrêt Plessy vs Ferguson), empêchant par exemple les mariages mixtes, commençant à imposer une ségrégation entre blancs et noirs et interdisant l’accès à de nombreux lieux aux anciens esclaves.
Ses objectifs ayant été atteints, le premier KKK, qui a compté jusqu'à un demi-million de sympathisants, n'a plus de raison d'être officielle ! Mais il peut cependant aisément perdurer dans la clandestinité : à la fin du XIXème siècle et au début du suivant, les encagoulés continuent d’assassiner dans l’ombre. Entre 1900 et 1914, une centaine de lynchages ont lieu par an. On les a assimilés à des sacrifices rituels, à des punitions pour des infractions supposées, soit à la hiérarchie sociale (ne pas ôter son chapeau au passage d'un Blanc peut entraîner la mort) ; l’accusation de viol d’une femme blanche, notamment, est fréquemment utilisée pour justifier les lynchages, ceux-ci renforçant le sentiment de solidarité raciale dans la population blanche.
1915 - 1926 : l’âge d’Or du second Klan
. La vision « héroïque » des Klansmen est vantée dans des livres comme The Clansman, de Thomas Dixon, Jr., et c’est du septième art que viendra la renaissance du KKK. En 1915 sort le premier blockbuster hollywoodien : Birth of a Nation (Naissance d'une nation) de D. W. Griffith, fresque révisionniste de la Guerre de Sécession et de la Reconstruction, qui fait l’apologie du Ku Klux Klan en s’inspirant du roman.
Affiche du film de D.W. Griffith, Naissance d'une Nation, (1915), inspiré d'un médiocre roman de Thomas Dixon, The Clansman, L'Homme du Clan. Il remet le Ku Kux Klan au goût du jour en le présentant comme un noble mouvement au service de la « civilisation blanche ».
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Hiram Wesley Evans, Sorcier impérial du KKK, en 1925 (26 septembre 1881 ; 14 septembre 1966)
. Ce second KKK reprend la rhétorique suprémaciste de son ancêtre, mais ajoute de nouvelles cordes à son arc. Le « mal » n’était plus seulement les Noirs ni leurs défenseurs, mais également le puritanisme via la défense de la prohibition, les intellectuels, les syndicats, les grandes firmes, les communistes, les catholiques (leur nombre a triplé entre 1850 et 1890), les juifs et plus globalement les nouveaux immigrants (en 1907, plus de 1,2 million de personnes émigrent aux États-Unis, souvent poussées par la pauvreté ou les persécutions), lesquels changeaient la nature profonde de la société américaine parce que leur origine n’était plus dans les pays anglo-saxons ou nordiques mais plutôt dans ceux du sud ou de l’est de l’Europe. On les accusait non seulement de voler les emplois, mais surtout de bousculer les fondements de la société, construite par les WASP (White Anglo-Saxon Protestants), avec ses valeurs que les membres du Klan disaient être en danger.
Dans les années 1920, ce populisme réactionnaire connaît un succès flamboyant. Avec le nombre croissant de ses membres, le Klan devient l’une des plus puissantes organisations politiques du pays. En août 1925, 40.000 klansmen défilent devant la Maison-Blanche.
Le Ku Klux Klan était au sommet de sa popularité lorsque plus de 30 000 membres - des racistes et des antisémites - ont défilé sur Pennsylvania Avenue à Washington le 8 août 1925.
. En 1929, des membres du KKK mettent le feu à la maison de Earl Little, un pasteur noir militant pour l’égalité des droits. Deux ans plus tard, l’homme est retrouvé mort écrasé par un tramway. Son fils, le futur Malcolm X, sera marqué à jamais.
Mais la fin de la décennie voit le mouvement péricliter, victime de ses dissensions internes. Et avec la crise de 1929, corruption et violence aidant, ses rangs commencent à se décimer. Il finit par sombrer tout à fait dans les années 1930, alors que la Grande Dépression, puis le New Deal de Roosevelt occupent tout l’espace politique et médiatique. Mais curieusement, à la fin de cette période, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, c’est sur des bases politiques que Ku Klux Klan éclate : les membres du Sud étaient plutôt démocrates alors que ceux du Nord étaient plutôt républicains.
Puis le mouvement se disqualifie dès avant la Seconde Guerre mondiale par ses accointances avec les nazis, par des scandales sexuels et par des affaires de corruption grandissante. Après une éclipse pendant la Seconde Guerre mondiale, le président Roosevelt et son Secrétaire du Trésor Morgenthau vont l'abattre, comme AlCapone, … en pénétrant dans sa comptabilité.
C'est ainsi que le 23 avril 1944, James A. Colescott, devenu « Magicien Impérial » en remplacement d'Evans, sera amené à dissoudre l’« Empire invisible », non pas en raison de ses innombrables exactions criminelles et racistes mais pour échapper à un redressement fiscal de 685.305 dollars d’arriérés d’impôts sur les bénéfices des années précédentes ! Le Congrès interdit à nouveau le KKK en 1944, même si cela sera de courte durée.
Le troisième Klan
. Le Klan renaîtra une nouvelle fois de ses cendres en 1948 à Atlanta, avec le Dr Samuel Green, qui rompra avec l’organisation nationale préférant une organisation par État. Il a aussi changé le titre du chef suprême, préférant qu’on l’appelle le Grand Dragon. Il maintiendra le rituel fantasmagorique : croix enflammées dans la nuit, tuniques blanches et cagoules, messages et noms codés.
Une famille entoure le Dr. Samuel Green, Grand Dragon, lors d’une cérémonie d’initiation, à Atlanta, Georgie, le 24 juillet 1948. Wikimedia
. Le mouvement sombrera dans le ridicule en 1954 lorsqu'un espion infiltré dans ses rangs, Stetson Kennedy, révèlera au grand jour ses rituels et ses codes dans un livre, I rode with the Klan.
Dans les années 1950 / 1960, des groupuscules d’irréductibles revendiquant l’étiquette "Ku Klux Klan" reviennent en force, perpétrant des attaques à la bombe et allumant des incendies. À la fin des années 1960, le mouvement des droits civiques qu’il faut combattre et l’influence grandissante des organisations noires entraînent une recrudescence de l'activité du Klan. Surtout, il bénéficie dans certains États d’appuis dans la police ou les gouvernements locaux - notamment en Alabama, où le gouverneur George Wallace lance en janvier 1963 son slogan : "La ségrégation hier, la ségrégation aujourd'hui, la ségrégation pour toujours !"
Cette fois, cependant, il reçoit peu de soutien parmi la population du Sud. Si la résurgence du Ku Klux Klan dans cette décennie est limitée, c'est cependant durant cette période qu'il commet ses actions les plus brutales (médiatiques !).
La décennie est marquée par deux attentats particulièrement atroces qui choquent l’opinion publique. Le 15 septembre 1963, une bombe explose lors du service religieux d'une église baptiste noire de Birmingham (Alabama) : 20 fidèles sont blessés, quatre fillettes perdent la vie. L’année suivante, le 21 juin 1964, un Afro-Américain et deux Juifs, tous trois militants du CORE (Congress of Racial Equality, une association de lutte non violente contre la ségrégation), sont abattus dans leur voiture alors qu’ils tentent d’inscrire les Noirs de la région sur les listes électorales. Il est également impliqué dans les meurtres de militants de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP, « Association Nationale pour la promotion des gens de couleur »). Des membres du KKK sont arrêtés et condamnés, jetant un froid dans l’opinion publique sur les partisans de la ségrégation.
Malgré sa violence et son alliance avec d'autres groupes suprémacistes blancs, le KKK n'a jamais été déclaré organisation criminelle ou terroriste, même si le gouvernement fédéral a réagi avec vigueur poursuivant les membres du Ku Klux Klan en justice et chargeant le FBI de leur mener une lutte sans merci.
Entre 1967 et 1980, alors que le Ku Klux Klan était réduit à sa plus faible proportion, Robert M. Shelton, a assuré la réunification de ses 10.000 membres, les Klansmen qui continuent de se réunir, dissimulés sous des robes blanches et des capuches pointues (*), dans différents groupes et a repris l’ancien titre de Sorcier Impérial. Bien que le Ku Klux Klan n'ait jamais été complètement éradiqué, certaines sources estiment que ses membres ne sont pas plus de 6.000 aujourd'hui. Depuis les années 1970, le Klan a subi un double processus de marginalisation et d’atomisation, à mesure que le suprémacisme blanc battait en retraite sur la scène politique.
(*) – Pour se rendre anonymes ils se couvrent la tête, d’une capirote, le chapeau pointu en forme de cône porté, initialement, par les condamnés à mort de l'Inquisition, puis en Espagne par certains flagellants, et aujourd'hui par les pénitents durant les processions de la Semaine sainte. Ironiquement, la capirote est d'origine catholique, alors que le Ku Klux Klan, mouvement prônant la suprématie blanche protestante, est anti-catholique !
Des membres du Ku Klux Klan s'apprêtent à défiler, en juillet 2009, à Pulaski, dans le Tennessee.
. D’après une étude du Tuskegee Institute de l’université d’Alabama, le Klan a tué 3 446 Noirs entre 1882 et 1968.
Depuis 2016 (élection de Donald Trump) l’alt-right s’est sentie pousser des ailes. En décembre 2016, un porte-parole du mouvement affirmait avoir reçu "1.000 demandes d’information depuis l’élection", et voir "le nombre de membres augmenter chaque jour". Plus récemment encore, le mouvement "Black Lives Matter" a provoqué l’ire des suprémacistes blancs. En juin 2020, un certain Harry H. Rogers, qui se décrivait lui-même comme un leader du KKK, a été arrêté pour avoir lancé sa voiture contre des manifestants qui protestaient pacifiquement à Richmond (Virginie) après la mort de George Floyd.
La renaissance du Ku Klux Klan
The Conversation - Jean-Éric Branaa - 27 août 2018
Trois membres du Klan se cachent derrière les drapeaux confédérés et américains, New-York, 1999. DOUG KANTER / AFP
. On n’avait plus entendu parler du Ku Klux Klan depuis la fin des années 60 jusqu’au début des années 90, quand ce groupe a alors opéré un retour qui a fini par se remarquer : en 2017, avec Charlottesville, l’Amérique a pleinement pris conscience que le Klan était toujours là, parmi eux.
La renaissance a tout de même surpris, même si elle s’est faite avec les bonnes vieilles recettes qui ont toujours été les siennes : exploiter les peurs pour encourager au rejet et tourmenter ses ennemis. À partir du début des années 2000, c’est le sujet clivant de l’immigration, brandi à chaque débat de la vie politique américaine, qui a permis au Ku Klux Klan d’opérer une renaissance.
Plus de tatouages, moins de cagoules
. La différence avec les premiers groupes, ceux du XIXe et du XXe siècles, est apparue très vite comme évidente : il ne s’agissait plus uniquement de discuter la place des noirs dans la société, mais d’une vision politique plus globale, nationaliste, contre l’immigration et avec une vision suprémaciste blanche. Ces néo-KKK ont donc eu tendance à épouser des causes néo-nazies, recrutant des membres qui souvent appartenaient déjà à des groupes clairement identifiés dans cette mouvance ou impliqués dans la sous-culture nazie skinhead de l’époque ou des Hammerskins, tous très ouvertement racistes.
Les nouveaux membres du Klan se sont très vite distingués par l’adoption de codes propres à cette culture extrémiste. Ainsi ils sont généralement couverts de tatouages qui vont de la tête de mort à de multiples formes de croix – dont la croix gammée–, portent des cheveux très courts ou sont totalement chauve, ont des bottes hautes, des vêtements serrés et des vestes d’aviateur, et ils écoutent leurs propres groupes de punk rock ou oï véhiculant des messages haineux. Ces éléments bien définis ont donné corps à un groupe en formation, comme la cagoule à bout pointu et la tunique blanche l’avaient été pour leurs glorieux prédécesseurs.
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Ils sont toujours là
. En 2018 le Ku Klux Klan n’a plus grand-chose à voir avec le groupe ancestral. Aujourd’hui, l’organisation en plus des médias classiques, est très présente sur Internet et les réseaux sociaux pour diffuser ses idées de haine. David Duke, qui a succédé à Robert Shelton, s’est montré particulièrement efficace pour dynamiser à nouveau les groupes qui s’étaient reconstitués. D’apparence plus policé, avec un vrai talent d’orateur et passant très bien dans les médias, il a acquis une grande notoriété, qui lui a permis d’attirer un public de plus en plus large dans des conférences, puis des réunions plus privées.
« Des fusils et des draps » un membre du Ku Klux Klan, un fermier du comté de Jackson dans l’Ohio, pose pour le photographe Paul Walsh en 1987. Paul M. Walsh
Contrairement à ce qu’auraient alors pu envisager les plus optimistes, le mouvement s’est bel et bien relancé dans la durée dans les années 2000. En mars 2006, 80 membres du mouvement des National Socialistes se sont retrouvés à Laurens, en Caroline du Sud, pour tenter de créer les nouveaux embryons d’un mouvement commun. De nombreux noms « connus » étaient alors présents. En plus des représentants du mouvement des National Socialistes et ceux des Nations Ariennes, se trouvaient des groupes ressuscités depuis peu, tels que les Chevaliers Gryphons du KKK, les Chevaliers Teutoniques du KKK et les Chevaliers Bayou du KKK.
Parmi les groupes qui comptent, il y a aussi les Klans Impériaux d’Amérique ou les Chevaliers du Ku Klux Klan, le groupe principal, dirigé par l’actuel leader national, le pasteur Thomas Robb.
Marche des Aryan Nations en 2004, Coeur d’Alene, Idaho. Cole/Flickr
Les estimations des groupes qui observent ces mouvements, comme le Southern Poverty Law Center ou l’Anti-Defamation League, évaluent à 6 000 personnes le nombre de membres actuels du Ku Klux Klan. Le Southern Poverty Law Center, qui étudie la question, a recensé 158 groupes différents du Ku Klux Klan (et près de 200 groupes de haine), non seulement dans tous les États du sud – et cela va jusqu’en Californie –, mais aussi en Ohio, en Pennsylvanie, dans l’Etat de New York, dans l’Illinois, le Maryland, le Connecticut, le New Jersey ou Washington DC. Les idéologies et motivations de ces groupes convergent toutes aujourd’hui.
Le Ku Klux Klan possède son quartier général dans le comté de Boone, dans l’Arkansas, à 30 km au nord de Harrison, le siège de comté, qui est également considéré par de nombreux médias comme la ville la plus raciste des États-Unis.
La survivance de la haine
. Au-delà du folklore, du retour à des noms étranges, à l’organisation particulière de ce groupe, ce qui frappe est sa capacité de survie et de résilience au cours des deux siècles précédents. Il a ainsi pris la place d’une soupape ou d’un véhicule pour les idées les plus sombres et plus nauséabondes circulant au sein de la société américaine.
Si l’immigration est toujours au cœur des préoccupations des suprémacistes, vient désormais s’ajouter le nationalisme, l’ingrédient moderne ajouté et complémentaire de la flatterie des bas-instincts, du rejet des plus faibles, de l’enfermement sur une pensée étriquée et une attitude qui ne laisse aucune chance à la bienveillance et au respect. Le suprémacisme est désormais une idée qui fait sens dans une société hétéroclite.
C’est aussi pour cela que de nombreux politiciens américains veulent en finir avec les symboles confédérés, qui maintiennent au premier plan des pratiques et des pensées dont l’Amérique souhaiterait se débarrasser.
Qui sont ces suprémacistes blancs qui rêvent de pureté ethnique ?
Jeune Afrique - Jean-Eric Boulin – 15 sep 2017 Le Figaro - Guillaume Descours – 17 août 2017
Membres de la « brigade blanche » au cours d’une manifestation devant le Lincoln Memorial à Washington.
. Ils ne sont que quelques milliers, mais, depuis le drame de Charlottesville, en août 2017, on ne voit qu’eux dans les médias. Qui sont ces suprémacistes blancs qui révèrent Trump et rêvent de restaurer une illusoire pureté ethnique de l’Amérique ?
Ils sont sortis de la clandestinité par une chaude nuit du mois d’août. Sur le campus de l’université de Virginie, ils ont défilé, flambeaux en main, en scandant : « Vous ne nous remplacerez pas ! Les Juifs ne nous remplaceront pas. »
Le lendemain, réunis à Charlottesville pour protester contre le démantèlement d’une statue du général sudiste Robert Lee (1807-1870), ils ont fait le coup de poing avec des militants d’extrême gauche. Au cours de l’échauffourée, Heather Heyer, une jeune femme de 32 ans, a été tuée par une voiture-bélier conduite par un jeune nazillon venu de l’Ohio.
Stupéfaite, l’Amérique a découvert une image d’elle-même qu’elle ne soupçonnait pas. Qui sont donc ces jeunes Blancs ultraviolents arborant fièrement les symboles du nazisme ? Que veut cette « alt-right » (pour « alternative right ») qui fait désormais l’actualité ? Ce mouvement extrémiste est d’autant plus décomplexé qu’il n’a jamais eu à la Maison-Blanche un président plus proche de ses idées. Donald Trump a en effet mollement condamné le drame de Charlottesville et a renvoyé dos à dos alt-right et alt-left (gauche radicale).
Foutraque et hétéroclite, l’alt-right rassemble les vieux routiers du suprémacisme blanc – du Ku Klux Klan aux innombrables ligues de défense de l’identité sudiste –, mais aussi de nouvelles figures, non moins radicales, de l’extrême droite, parmi lesquelles le blogueur Jason Kessler, membre des Proud Boys, un groupe pro-Trump créé en 2016 par Gavin McInnes, le fondateur aujourd’hui écarté de Vice Magazine ; Richard B. Spencer, directeur de la revue en ligne Radix Journal ; et Mike Peinovich, surnommé « Enoch » en hommage à Enoch Powell (1912-1998), le maître à penser de l’extrême droite britannique. Citons encore l’ancien marine Nathan Benjamin Damigo, fondateur du groupe nationaliste Identity Evropa, qui s’inspire des identitaires européens, et Matthew Heimbach, qui dirige le Parti traditionaliste des travailleurs.
Hormis leur jeunesse, qu’est-ce qui distingue ces nouveaux venus ? Le recours systématique à l’outrance verbale (à Charlottesville, ils hurlaient des heil hitlériens), et de fréquentes références à des penseurs européens comme les Français Alain de Benoist, fondateur de la Nouvelle Droite, et Renaud Camus, théoricien du « grand remplacement » démographique et culturel des Européens de souche par des populations allochtones.
Picture : Steve Helber - AP/SIPA
Ils proposent une esthétique à la fois « viriloïde », rebelle et clanique de nature à séduire nombre de jeunes Blancs déclassés. Beaucoup arborent une coiffure dite « fashy » (« fasciste ») directement inspirée des jeunesses hitlériennes : cheveux rasés sur les tempes et longs sur le dessus du crâne. Parmi leurs livres cultes, le Fight Club de Chuck Palahniuk (adapté au cinéma, avec Brad Pitt dans le rôle principal), qui met en scène des hommes en rupture de ban s’adonnant nuitamment à des combats de boxe clandestins. Leur emblème ? La grenouille Pepe, personnage repris d’une bande dessinée de 2005 et transformé par leurs soins en symbole de haine.
Chapelles
. Cet extrémisme ultramoderne connaît une diffusion importante grâce à internet. Le point commun à toutes ces chapelles ? La défense de la « race blanche ». Comme l’explique James Edwards, animateur d’une radio d’extrême droite : « La race étant le fondement de l’identité, les Européens-Américains se doivent de disposer de leurs propres organisations. » Pour ce mouvement, l’inégalité entre les races est donc un postulat.
En 2005, l’idéologue Jared Taylor estimait ainsi sur son magazine en ligne American Renaissance que « quand les Noirs sont laissés à eux-mêmes, la civilisation occidentale est menacée de disparition ». La commune obsession de ces jeunes gens ? Le « génocide des Américains blancs » sous le double effet de l’immigration non blanche et des mariages interraciaux. Un processus délibéré censé être manipulé par les Juifs.
Certains, comme Spencer, veulent que les Blancs disposent d’un État ethniquement pur. D’autres, comme Heimbach, sont favorables au démantèlement des États-Unis et à la création de nouvelles entités fondées sur la race et la religion. D’autres enfin, comme Andrew Anglin, éditeur du journal en ligne The Daily Stormer, militent pour le rapatriement des Africains-Américains en Afrique ou, à défaut, pour la création de « territoires autonomes » qui leur soient réservés. Ils n’acceptent qu’une immigration blanche, européenne, et donc non latino. Le 20 août, des militants alt-right ont ainsi protesté contre l’immigration illégale à Laguna Beach, dans le sud de la Californie, au cri de « Build the wall ! », en écho à la promesse de Trump de construire un mur le long de la frontière avec le Mexique.
Le mouvement est néanmoins loin d’être monolithique. Certains de ses militants sont obsédés par la « JQ », la « Jewish Question », d’autres beaucoup moins. Dans un documentaire consacré par Vice Magazine aux événements de Charlottesville (et vu plus de 50 millions de fois sur internet), un certain Christopher Cantwell se demande sans rire ce qu’une « belle fille blonde » comme Ivanka Trump fait avec un Juif comme Jared Kushner (son mari). Certains, comme McInnes, désapprouvent cet antisémitisme viscéral. On les appelle les « alt-light », l’extrême droite light.
Les militants utilisent volontiers le terme « cuck » – qui n’a rien d’un compliment : dérivé de « cuckold » (« cocu »), il vise à jeter le doute sur la virilité d’un adversaire. D’ailleurs, nombre d’entre eux détestent les gays. Milo Yiannopoulos, l’une des grandes figures du mouvement, est pourtant un homosexuel (et un islamophobe) notoire, viré de Breitbart News, récemment recentré après avoir défendu publiquement la pédophilie.
La droite alternative a atteint son objectif, qui était de beaucoup faire parler d’elle. Pourtant, elle ne compte dans le pays que quelques milliers de militants. Sa notoriété naissante est d’ailleurs relative : selon un sondage réalisé en décembre 2016 par l’institut Pew, 54 % des Américains ignorent jusqu’à son existence.
Pourtant, 62 des 85 attaques terroristes recensées aux États-Unis entre le 11 septembre 2001 et le 31 décembre 2016 leur sont imputées. L’une des plus spectaculaires eut pour cadre l’église méthodiste de Charleston (Caroline du Sud), en juin 2015. Dylan Roof, son auteur, n’a pas fait mystère des mobiles de son geste insensé : « Les Noirs violent nos femmes ! »
L’année 2017 a été marquée par une recrudescence des violences racistes. Pour Thomas J. Main, enseignant à l’université de New York et auteur de The Rise of the Alt-Right, à paraître en 2018, le danger représenté par ces groupes, qui, pour l’instant, cherchent davantage à influencer le débat public qu’à remporter des victoires électorales, est indiscutable : « Depuis la guerre de Sécession, estime-t-il, les seuls mouvements idéologiques en conflit ouvert avec la démocratie libérale ont été les communistes, dans les années 1930 ; les radicaux de la nouvelle gauche, dans les années 1960 ; et l’alt-right, aujourd’hui. »
Son ascension coïncide avec celle de Trump. On se souvient que le futur président avait lancé en 2011 une nauséabonde polémique concernant Barack Obama, accusé à tort de n’être pas né aux États-Unis. Comme par hasard, l’alt-right est sortie des limbes juste après son élection. En novembre 2016, Richard Spencer a ainsi organisé devant la Maison-Blanche un meeting au cours duquel une poignée d’allumés ont multiplié les saluts nazis. Spencer, pour qui les Blancs sont des « enfants du soleil », assistait à l’investiture de Trump, le 20 janvier. Pour lui et ses acolytes, l’élection de ce dernier est une divine surprise.
K comme Klan
. « Nous sommes déterminés à reprendre en main notre pays et à tenir les promesses de Trump, fanfaronne David Duke, ancien grand wizard du KKK. C’est ce en quoi nous croyons et c’est pour ça que nous avons voté pour lui. » Rappelons que, pendant la campagne, le futur élu n’avait décliné que du bout des lèvres l’encombrant soutien du Klan. Et que Steve Bannon, son venimeux conseiller récemment débarqué, a longtemps été un chouchou de l’alt-right. Et puis Trump vient d’amnistier Joe Arpaio, un shérif qui violait la loi en regroupant dans des « camps de concentration » en Arizona les Latinos clandestins arrêtés par ses soins, avant de les expulser. Last but not least, il a décidé de supprimer progressivement le programme Deferred Action for Childhood Arrival (Daca), mis en place en 2012 par Obama pour protéger les jeunes immigrés, presque tous latinos, entrés illégalement aux États-Unis. « Un bon début », a tweeté Spencer.
En matière d’accointances avec l’extrême droite, ça commence quand même à faire beaucoup. Comme l’écrit Thomas Main, « non seulement l’administration Trump ne combat pas l’alt-right, mais elle cherche à s’attirer ses faveurs ». N’est-ce pas Trump qui, deux semaines après sa prise de fonction, a demandé aux services de renseignement de se concentrer sur les groupes islamistes plutôt que sur les suprémacistes blancs ?
Peu à peu, le discours racialiste de l’alt-right contamine les républicains mainstream. « Le Grand Old Party a bien changé depuis 2005, commente David Brooks, du New York Times. Il véhicule désormais toute une série de questions liées à l’identité blanche. » En 2005, seuls 6 % des républicains considéraient que les Blancs étaient victimes de discriminations. Ils étaient 18 % en 2016.
Preuve de la vitalité de la démocratie américaine, la riposte n’a pas tardé. Dans la rue, les militants d’extrême gauche rendent coup pour coup. Par crainte de nouveaux dérapages, des marches similaires à celle de Charlottesville ont été annulées. C’est le cas de celle de White Lives Matter, qui devait avoir lieu le 11 septembre sur le campus de Texas A&M University. Spencer devait y prendre la parole. « Le premier amendement [qui garantit la liberté d’expression] ne s’applique manifestement pas aux Blancs », a protesté Preston Wiginton, l’organisateur de la marche.
Fin août, un autre défilé a eu lieu à Boston. Il n’a rassemblé que quelques dizaines de militants alt-right, alors que les contre-manifestants de gauche étaient plusieurs milliers. Certaines personnalités ont pris leurs distances avec le mouvement. C’est le cas de McInnes et même de Bannon, qui a jugé que les alt-right de Charlottesville étaient une « bande de clowns ». Plusieurs des clowns en question ont perdu leur emploi après avoir été identifiés sur internet. Par ailleurs, des entreprises comme PayPal ou AirBnb ont refusé de fournir leurs services à des nationalistes blancs. Même la marque Tikki Brand a protesté contre l’utilisation de ses flambeaux lors de la marche sur le campus de l’université de Virginie. Quant au Daily Stormer, il a perdu le site qui l’hébergeait sur internet.
L’effet domino de Charlottesville
. À l’exception notable de Trump, la classe politique a été unanime dans la réprobation. Candidat républicain à la présidentielle en 2008, John McCain n’y est pas allé par quatre chemins : « Les suprémacistes blancs, a-t-il tweeté, ne sont pas des patriotes, ce sont des traîtres. » À l’inverse, la tiédeur de sa condamnation de l’alt-right a valu quelques déboires au président, qui a perdu nombre de ses relais dans le monde des affaires. Gary Cohn, son principal conseiller économique – qui est juif –, a même envisagé de démissionner.
Surtout, le coup de force des alt-right n’a pas vraiment eu l’effet escompté, au contraire. Les quelque 1 500 monuments confédérés que compte encore le pays sont abattus les uns après les autres. Mi-août, à Baltimore, quatre statues ont ainsi été déboulonnées nuitamment. Le maire de Dallas a, pour sa part, demandé à son conseil municipal de voter le démantèlement de ces « totems dangereux ». D’autres villes (San Antonio, Memphis, Jacksonville) devraient suivre.
À Lexington au Kentucky, deux statues confédérées continuent de trôner près du marché où les esclaves étaient jadis vendus aux enchères. Mais elles vont être abattues. « Les événements de Charlottesville ont accéléré les choses », estime le maire de la ville.
. Selon un rapport du Southern Poverty Law Center, plus de 1500 symboles confédérés sont toujours présents sur le territoire américain, en l'honneur de soldats et chefs militaires sudistes.
Le Figaro - Guillaume Descours – 17 août 2017