La colonisation européenne en Amérique du Nord
Herodote.net - Jeanne Laffont – 31 aoû 2017
. Les premiers Européens ont accosté le continent nord-américain par le grand nord. Ces pionniers, sur lesquels planent encore beaucoup de mystère, sont des Vikings, sous la conduite d'un chef audacieux, Leif Ericsson, qui aurait fondé en l'An Mil une petite colonie sur la côte du Labrador, le Vinland. L'équipée, sans lendemain, tombera très vite dans l'oubli.
. En 982, le chef viking Éric (ou Erik) le Rouge est contraint de s'enfuir d'Islande à la suite d'un meurtre commis par son père. Il navigue vers l'ouest. Bénéficiant d'une mer dégagée, sans glaces flottantes du fait de l'« optimum médiéval », il accède à une grande île chargée de glace avec quelques maigres prairies sur les littoraux. Il la baptise Groenland, un nom qui signifie « terre verte », histoire d'y attirer des colons !
Le fils d'Éric le Rouge, Leif Ericsson, introduit le christianisme dans la petite colonie du Groenland et part à son tour à l'aventure vers l'ouest avec un petit équipage de 35 hommes. Cela lui vaut d'atteindre une nouvelle terre en l'an 1000 qu'il baptise selon l'endroit Helluland (« pays des pierres plates »), Markland (« pays des forêts ») ou Vinland (« pays de la vigne »). Cette terre, qu'il n'arrivera pas à coloniser durablement, ne serait rien d'autre que le Labrador actuel, une grande presqu'île au nord du fleuve Saint-Laurent. Leif Ericsson serait ainsi le premier Européen à avoir atteint l'Amérique !
La présence de Vikings sur le continent américain a été confirmée par la découverte de l'Anse-aux-Meadows, sur l'île de Terre-Neuve, en 1960. Les archéologues ont pu attester de la présence en ce lieu, au XIe siècle, d'un établissement viking avec des habitations en bois recouvertes de mottes de tourbe et une production locale de fer.
Une occupation très progressive
Un demi-millénaire plus tard, d'autres Européens touchent la côte du futur Canada.
- Les explorations françaises
. Le premier est un explorateur italien au service du roi d'Angleterre Henri VII. Il a nom Jean Cabot et aborde les îles de Cap-Breton et de Terre-Neuve, à l'embouchure du fleuve Saint-Laurent, le 24 juin 1497, 5 ans à peine après le premier voyage de Christophe Colomb dans les Antilles.
À vrai dire, il se soucie assez peu de colonisation et de conquête. Il cherche un raccourci maritime vers la Chine et les Indes, le mythique passage du Nord-Ouest. Il en va de même du navigateur Giovanni da Verrazano (1524), au service du roi de France François 1er.
À la suite de Jacques Cartier (1534), les Français prennent possession de l'embouchure du Saint-Laurent, la Nouvelle-France mais c'est seulement au siècle suivant qu'ils y établiront des colonies de peuplement.
- Les explorations espagnoles
. Le 27 mars 1513, le navigateur espagnol Juan Ponce de Léon aborde un rivage fleuri au nord des Antilles, ce qui fait de lui le premier Européen à fouler le sol des futurs États-Unis.
Cet ancien compagnon de Christophe Colomb croit avoir affaire à une île légendaire où se situerait une « fontaine de Jouvence ». Comme on est le jour de Pâques, il la baptise « Pascua Florida » (Pâques fleurie). On va découvrir plus tard qu'il s'agit d'une pre²squ'île et non d'une île. Les premiers colons espagnols s'installent un demi-siècle plus tard en cet endroit encore connu sous le nom de Floride (ou Florida).
- Les explorations anglaises
. Les Anglais tardent à mettre le pied en Amérique du nord. Le navigateur Francis Drake, au cours d'un fameux tour du monde à la voile (le deuxième après celui de Magellan et del Cano), accoste sur la côte californienne, côté Pacifique donc, le 17 juin 1579. Il nomme l'endroit Nova Albion mais ce nom ne survivra pas à la colonisation espagnole.
Plus chanceux est son rival Walter Raleigh (ou Ralegh). Ce courtisan organise à ses frais une expédition en vue de coloniser le littoral nord-américain. Les navigateurs accostent le 27 avril 1584 sur ce qui deviendra en 1607 la colonie (puis l'État) de Virginie, ainsi nommée en l'honneur d'Elizabeth 1ère, la « reine vierge » (supposée telle, car célibataire).
- Les explorations hollandaises
. La Compagnie néerlandaise des Indes orientales (la VOC) confie en 1609 une mission d'exploration au capitaine anglais Henry Hudson. Celui-ci revient à Amsterdam avec un projet de colonisation à l'embouchure de la rivière qui portera son nom. Ce sera La Nouvelle Amsterdam, plus connue aujourd'hui sous le nom de... New York.
- Les explorations suédoises
. En avril 1638, enfin, une cinquantaine de colons suédois s'installent à l'embouchure du Delaware, autour d'un fort baptisé Christina (ou Christiania) en l'honneur de la future reine Christine, fille du roi Gustave Adolphe. Mais cette colonie ne tarde pas à être conquise par les Hollandais.
Et les Indiens ?...
. Il se sera écoulé plus d'un siècle entre le moment où une première flotte européenne a atteint l'Amérique du nord (c'était en 1497) et le moment où des colons anglais et français s'y sont installés pour de bon : en 1607 avec sir Newport sur la côte de Virginie ; en 1608 avec Samuel de Champlain sur les rives du Saint-Laurent.
Ce vaste territoire est alors peuplé au sud, dans la zone sèche, par des Indiens qui pratiquent surtout la culture du maïs, et au nord, dans la Grande Prairie, par d'autres Indiens qui, eux, tirent leur substance des innombrables bisons. Au total environ un million d'âmes sur un espace de plus de 16 millions de km2 (3 fois l'Europe).
Les États-Unis en gestation
. Stimulés par le dynamisme de leur marine aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Anglais ne tardent pas à déloger les Hollandais de la côte nord-américaine et fondent sur le littoral un total de Treize Colonies. Ces colonies ont toutes une personnalité propre du fait des circonstances de leur fondation et de leur histoire, à commencer par la première, la Virginie.
C'est ensemble, néanmoins, qu'elles accèderont à l'indépendance en 1783, après une longue guerre d'indépendance, devenant les États-Unis d'Amérique.