Midterms 2018 : quand l’Amérique se réinvente.
Contrepoints - Matthieu Vasseur – 12 nov 2018
. Assiste-t-on à l’épuisement du modèle institué par Franklin Roosevelt et le New Deal ?
. ... En profondeur se joue une crise plus profonde : l’épuisement du mode de gouvernance épistocratique institué par Franklin Roosevelt et le New Deal et incarné par quelque 430 agences fédérales, drapées dans leur expertise technique et ne rendant de compte qu’à elles-mêmes. Les services publics périclitent, les lobbies prolifèrent et les déficits explosent : chacun peut constater que ce système-là ne fonctionne plus.
Selon la théorie cyclique de l’Histoire américaine de Strauss et Howe, les États-Unis sont parvenus à leur « Quatrième Tournant », celui qui marque la crise convulsive d’un cycle générationnel de 80/100 ans, dont les quatre « tournants » successifs, de 20/25 ans chacun, sont : la Plénitude, le Réveil, le Déclin et la Crise.
Le cycle actuel avait été entamé après la Deuxième Guerre Mondiale, époque triomphale des technocrates, des multinationales hiérarchiques et du « Big is Beautiful », quand « ce qui était bon pour General Motors était bon pour l’Amérique et vice-versa ». Les ekpyroses précédentes étaient la Guerre d’Indépendance de 1775-1783, la Guerre Civile de 1861-1865 et la Grande Dépression suivie de la Deuxième Guerre Mondiale, de 1929 à 1945, et chacune avait permis de renouveler le contrat social américain.
Aujourd’hui, toutes les sources traditionnelles d’autorité en Amérique sont en capilotade : la technocratie fédérale (hypertrophiée et prédatrice), les universités (explosion des coûts, discriminations raciales à l’admission, hyper-idéologisation des humanités), les media (devenus organes de propagande, en faveur des Républicains pour Fox News et des Démocrates pour les autres), l’Église (pédophilie), Hollywood (scandales sexuels).
. Les raisons du discrédit sont diverses, mais elles ont une même origine : les Américains, peuple viscéralement libertaire, ne font plus confiance en leurs « supérieurs » pour leur dicter le Bien et le Vrai. La pensée homogénéisée qui venait d’en haut cède le pas à un débat horizontal pluraliste, pour le meilleur et pour le pire. …
. Quand les institutions surplombantes perdent leur légitimité, les adversaires se trouvent seuls face à face, sans arbitre pour apaiser les conflits.
« La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet inter-règne, on observe les phénomènes morbides les plus variés » disait Gramsci. On voit se profiler au loin les contours du nouveau monde, qui pourra donner naissance à une nouvelle Plénitude « apaisée » : il constituera en une déconstruction radicale de l’État administratif, les États-Unis renouant avec leur tradition fédérale.
Le Midwest « rouge » (Républicain) se différencie de plus en plus des Côtes « bleues » (Démocrates), il faut donc réduire les règles communes au strict minimum et, pour le reste, laisser chaque État vivre comme il l’entend. Re-localisée, l’administration retrouvera sa légitimité et son efficacité. Pour en arriver là, la lutte sera rude, car la bureaucratie fédérale ne se sacrifiera pas docilement. …
. With startling originality, The Fourth Turning illuminates the past, explains the present, and reimagines the future. Most remarkably, it offers an utterly persuasive prophecy about a new American era that will begin just after the millennium.
William Strauss and Neil Howe base this vision on a provocative new theory of American history. The authors look back five hundred years and uncover a distinct pattern: Modern history moves in cycles, each one lasting about the length of a long human life, each composed of four eras--or "turnings"--that last about twenty years and that always arrive in the same order.
. First comes a High, a period of confident expansion as a new order takes root after the old has been swept away. Next comes an Awakening, a time of spiritual exploration and rebellion against the now-established order. Then comes an Unraveling, an increasingly troubled era in which individualism triumphs over crumbling institutions. Last comes a Crisis--the Fourth Turning--when society passes through a great and perilous gate in history. Together, the four turnings comprise history's seasonal rhythm of growth, maturation, entropy, and rebirth.
. Strauss and Howe locate today's America as midway through an Unraveling, roughly a decade away from the next era of Crisis. In a brilliant analysis of the post-World War II period, they show how generational dynamics are the key to understanding the cycles of American history. They draw vivid portraits of all the modern generations: the can-do G.I.s, the mediating Silent, the values-absorbed Boomers, the pragmatic 13ers, and the child Millennials. Placed in the context of history's long rhythms, the persona and role of each generation become clear--as does the inevitability of the coming Crisis.