Skull and Bones
National geographic – HS jun/jul 2018
. Durant la seconde moitié du XIXe siècle, avec le flot des innovations technologiques, les réalisations humaines semblent sans limite. Aux États-Unis, le taux d'alphabétisation monte en flèche, ainsi que les inscriptions dans les écoles secondaires publiques. Les études universitaires restent cependant un privilège réservé à l'élite pendant une grande partie des XIX° et XX° siècles.
. Ce sentiment d'appartenir à une élite, d'être préparé à devenir les futurs dirigeants américains, donne naissance à des sociétés secrètes estudiantines. L'idée directrice est que la solidarité et la camaraderie de la vie estudiantine doivent se prolonger par la suite, constituant ainsi un réseau, puissant mais invisible, pour faire avancer les carrières de ses membres. Les futurs membres doivent subir un rituel d'initiation, prêter serment et apprendre des symboles et devises qui sont autant de signes de reconnaissance.
. On cite souvent la société Phi Beta Kappa, fondée en 1776 au College of William and Mary, à Williamsburg, aux États-Unis, comme la première et la plus célèbre de ces sociétés secrètes. Mais ses origines remontent au Flat Hat Club, auquel appartenait notamment Thomas Jefferson. Phi Beta Kappa est le premier groupe à adopter une devise grecque, plutôt que latine : Philosophia Biou Cybernetes (l'amour de la connaissance est un guide pour la vie).
. En 1832, après que Phi Beta Kappa est devenue une société ouverte, deux étudiants de l'université de Yale, à New Haven, dans le Connecticut, forment une nouvelle fraternité secrète, la Skull and Bones. La société acquiert vite la réputation d'être sans doute le réseau d'influence occulte le plus important de l'Amérique moderne. Les étudiants ne postulent pas : chaque année, quinze élèves en troisième année à Yale sont sélectionnés pour être admis à vie dans la société, qui siège dans un « tombeau » sans fenêtre sur High Street. Comme les francs-maçons et les Illuminati, les membres de Skull and Bones (les « Bonesmen ») participeraient, selon la rumeur, à toutes sortes d'intrigues et de conspirations, dont le contrôle sur la CIA. Au fil des ans, les Bonesmen ont occupé un grand nombre de postes de direction dans les sphères publique et privée. L'élection présidentielle de 2004 a même vu deux Bonesmen fourbir leurs armes : John Kerry et George W. Bush.
Le local de la société Skull and Bones à l'université de Yale est surnommé « le tombeau ».