Le surprenant second mandat du président américain Woodrow Wilson (1917 - 1921)

Edith Wilson, la première femme à avoir dirigé les États-Unis

Vanity Fair - Pierrick Geais - 19 oct 2016

.             À la fin de la Première Guerre mondiale, Edith Wilson, une Première dame particulièrement ambitieuse, s’est substituée à son mari et a régné dans le plus grand des secrets.

Edith et le président Wilson (Ullstein Bild/Getty images)

.            Le début de cette histoire a tout d’une comédie romantique britannique pleine de bons sentiments, avant de tourner au mélodrame larmoyant. En mars 1915, Edith Galt – qui vient de perdre son mari qu’elle connaissait depuis l’adolescence – rend visite à sa bonne amie, Helen Bones, qui n’est autre que la cousine de Thomas Woodrow Wilson, élu à la tête du pays depuis deux ans. Cette dernière s’est donné pour sacerdoce de veiller sur le président, qui ne se remet pas de la mort brutale de sa première épouse, Ellen, survenue en août 1914. Ce n’est pas la première fois qu’Edith met un pied à la Maison-Blanche. Elle a même serré à plusieurs reprises la main du chef de l’État, sans que celui-ci ne la remarque vraiment, enfin c’est là ce qu’elle croit … Cette fois, elle vient prendre le thé, en toute simplicité, mais se perd dans le dédale de cette immense bâtisse. En sortant de l’ascenseur au premier étage, Edith – un peu étourdie – heurte un homme bien fait de sa personne et lui tombe dans les bras. Quelle n’est pas sa surprise quand elle comprend qu’il s’agit du président en personne. À la vue de cette femme d’une rare élégance, l’homme de pouvoir, jusqu’alors meurtri par le deuil, retrouve le sourire. Dès la première minute de cette rencontre fortuite, il tombe fou amoureux et ne voudra plus jamais quitter son Edith.

Les liaisons dangereuses

.            Quelques semaines plus tard, Wilson se décide enfin à lui écrire une lettre, « la première d’une correspondance quotidienne que vont porter discrètement des messagers de la Maison Blanche ». L’entourage du président n’est pas mis dans la confidence de cette liaison. Les deux amants se cachent comme des pré-adolescents, se bécotent à l’arrière d’une berline et se retrouvent tard après minuit par des escaliers dérobés. Dès qu’il est loin de cette femme qui lui a redonné la joie de vivre, Wilson ne peut s’empêcher de lui envoyer des courriers enflammés, dans lesquels il glisse parfois quelques documents officiels et autres notes d’État. Le président a en effet une confiance aveugle en elle et la considère rapidement comme sa meilleure conseillère. « Dans l’esprit du président, la politique et l’amour s’entremêlent ». Postée derrière son épaule, Edith lui fait réécrire des discours et lui susurre à l’oreille, entre deux mots doux, son avis sur tous les plus grands problèmes du pays. Plus qu’épris, Wilson en perd la tête et va jusqu’à confier à cette femme – qu’il connaît finalement depuis peu – des codes secrets voire des communiqués confidentiels. Inséparables, les tourtereaux se résolvent à se marier, seulement neuf mois après leur rencontre, bien qu'ils craignent que l’opinion publique considère d’un mauvais œil cette union hâtive. Le 18 décembre 1915, Edith, nouvellement Wilson, est présentée comme la First lady officielle.

Toujours derrière son épaule… (Stock Montage/Getty images)

La Première dame de fer

.            Reconduit pour un second mandat en 1916, Wilson se présente avec cette femme de caractère à son bras. Alors que le président s’engage dans le conflit européen qui fait rage, la Première dame veut, elle aussi, être sur tous les fronts en cette période de guerre. Elle commence par diriger d’une main de fer la Maison-Blanche,considérée comme son champ d'action en tant qu'épouse présidentielle. Pour ne pas dénoter des nombreuses privations que subit le peuple, elle annule les grandes réceptions et autres cocktails. Et pour que le symbole soit fort, elle élève des moutons sur les pelouses de sa demeure et vend leur laine au bénéfice d’associations. Sur le terrain, elle devient infirmière pour la Croix-Rouge et distribue elle-même des cigarettes aux militaires. En 1918, la guerre se termine enfin. Mais durant toute cette période tumultueuse, Wilson, déjà très fragile, a négligé sa santé. Bien que très fatigué, il entame, au lendemain de la guerre, un voyage en Europe puis dans toutes les régions des États-Unis, toujours accompagné du fidèle Docteur Grayson et d’Edith, son indéfectible soutien.

Le couple présidentiel au balcon (Bettmann/Getty images)

Le pouvoir par procuration

.            Automne 1919, quatre jours après leur retour à la Maison-Blanche, Edith retrouve Wilson étalé inanimé sur le carrelage de la salle de bains. Il a été victime d’une violente attaque cérébrale et Grayson assure qu’il restera en grande partie paralysé mais aussi intellectuellement diminué, et donc incapable d’exercer correctement sa fonction. Plutôt que de faire un communiqué pour annoncer cette terrible nouvelle, la First lady décide de la cacher et fait promettre au praticien de ne rien révéler. Elle installe son époux dans une grande chambre plongée dans la pénombre dont elle contrôle toutes les entrées. Aucun de ses plus proches conseillers n’est autorisé à le voir. À sa manière, celle qui ne pensait pas, un jour, régner sur la plus grande puissance du monde prend le pouvoir.

Dès lors, Edith intercepte tous les dossiers, les faisant signer à son époux dans les rares moments où il reste éveillé. D’ailleurs, son état de santé ne fait que s’aggraver. Edith Wilson devient alors la « First présidente ». « La seule décision qui m’appartenait vraiment était de déterminer ce qui était important et ce qui ne l’était pas », expliquera plus tard Edith Wilson, comme pour se dédouaner. Mais les quelques proches qui fréquentent encore le couple ne sont pas dupes : la femme du président est bien à l’origine de toutes les actions. En effet, dissimulée aux regards dans cette chambre-cabinet, elle est à la tête de ce qui sera qualifié de « gouvernement de chevet ». En janvier 1920, Wilson est toujours moribond. Certaines voix s’élèvent pour proposer de remplacer celui qui est devenu une arlésienne. Mais la « Presidentress » tient bon, prend de grandes décisions, et compte même briguer un troisième mandat. Edith Wilson aurait finalement pris goût au pouvoir … C'est donc contre son gré que la Première dame accepte de laisser son trône au nouveau président Warren G.Harding et de faire ses valises pour déménager avec son impotente moitié dans une maison voisine de la Maison-Blanche. Wilson continuera sa longue agonie jusqu’à sa mort, en février 1924. Inhumé dans la cathédrale nationale de Washington. Il est le seul président américain inhumé à Washington. Edith s’éteindra quarante ans plus tard.

Plusieurs années s'écoulent avant que la vérité n'éclate au grand jour, notamment par la publication des ordonnances du Docteur Grayson. En 1967, un amendement viendra clore cette affaire, en empêchant qu’une telle prise de pouvoir puisse se reproduire.

Une figure féministe ?

.            Contrairement à ce que pourrait laisser penser ce parcours, Edith Wilson, qui désirait plus que tout le pouvoir, était loin de vouloir le donner aux femmes. Elle était particulièrement hostile aux Suffragettes et jugeait leurs manifestations pour réclamer le droit de vote complètement ridicules. Elle ne fera jamais un pas en leur faveur. Mais avec une telle destinée, cette First lady pas comme les autres avait malgré tout esquissé un tournant dans la politique de son pays.

Le manuscrit de Freud qui accable Woodrow Wilson

A Daily Dose of History – 16 mar 2022 / Le Figaro - Jacques de Saint Victor – 16 mar 2022

.          Dans Le président est-il devenu fou? (Grasset – 2022), l’historien Patrick Weil raconte l’incroyable histoire du livre de Freud sur Woodrow Wilson qui éclaire l’histoire d’un jour nouveau. 90 ans après l’achèvement de leur livre commun, Bullitt et Freud appellent à discerner chez nos dirigeants les symptômes d’une personnalité pathologique, avant qu’ils ne nous mènent à des catastrophes.

.            Quand paraît en 1966, Le président T.W. Wilson : portrait psychologique, co-signé par le Viennois Sigmund Freud et William Bullitt, un diplomate originaire de Philadelphie, beaucoup crient au faux et mettent en doute la participation du père de la psychanalyse à ce livre entièrement consacré à un chef d’État américain. L’ouvrage fait scandale. La polémique enfle puis s’éteint sans que la vérité sur ses auteurs ait été démontrée. Le livre imprimé n'était en fait que l'ombre du manuscrit achevé en 1932. Le texte avait subi plus de 300 amputations et corrections opérées par Bullitt, sans l'aval de Freud, décédé depuis presque 30 ans.

.            D’abord proche conseiller de T. W. Wilson lors de la négociation du traité de Versailles qui devait, selon les vœux même du président américain, mettre fin à toutes les guerres et poser les fondements d’une paix mondiale via la SDN (La société des nations), Bullitt démissionne quand il découvre que le Président s’apprête à signer un traité qui dénature ses promesses, puis témoigne à charge contre lui devant le Sénat et l’opinion publique mondiale en septembre 1919.

Quelques mois plus tard, à la grande surprise de Bullitt, Wilson sabote volontairement la ratification du traité... Comment un chef d’Etat peut-il détruire ce pour quoi il s’est battu ? Wilson, victime héroïque des revendications outrancières d’isolationnistes républicains comme l’Histoire l’a retenu ? La cause de son ahurissant retournement est-elle plutôt à chercher dans la tête même du Président, son inconscient, ses mécanismes psychiques ? Le Président était-il devenu fou ? Bullitt en discute avec Freud, auprès duquel il suit une psychanalyse. C’est à Vienne, en 1930, que naît leur projet d’écrire ensemble un portrait psychologique du président américain.

.            Une fois le diplomate américain disparu à son tour, on crut le manuscrit princeps perdu. L’historien Patrick Weil l’a retrouvé. Il dévoile l’analyse psychique du président Wilson, élaborée par son conseiller diplomatique, William Bullit, avec l'aide de Sigmund Freud. On y voit un président instable dont la folie provoque l’échec du traité de Versailles et ce qui s'ensuit. Grâce à Bullitt et Freud, on découvre alors une autre réalité du Traité de Versailles,

À gauche: Sigmund Freud, en 1912. À droite: Thomas Woodrow Wilson, en 1913. APA-PictureDesk via AFP / SIGMUND FREUD PRIVATSTIFTUNG / (c) US National Archives / Roger-Viollet / (c) US National Archives / Roger-Viollet

.            Voilà donc un livre, qui, lu avec la perspective actuelle, permet de comprendre que les démocraties peuvent ne pas être des modèles parfaits en matière de politique étrangère. Et qu’elles peuvent avoir été, par la personnalité d’un de leurs dirigeants les plus emblématiques, en l’espèce le président Woodrow Wilson, à l’origine de la tragédie qui a secoué le continent européen au XXe siècle, à savoir la Seconde Guerre mondiale.

De quoi s’agit-il ? L’auteur, historien de la nationalité (Qu’est-ce qu’un Français ?, 2002), a retrouvé dans une bibliothèque américaine le manuscrit originel d’un livre de Sigmund Freud, un portrait psychologique terrible du président Wilson, rédigé en 1932 mais paru très tardivement (en 1966). Il le remplace dans son contexte. Ce travail avait été coécrit avec un ancien collaborateur de Wilson, William Bullitt, au point que beaucoup, choqués par le portrait à charge de Freud, ont affirmé que ce livre n’était pas du grand fondateur de la psychanalyse ou avait été dénaturé par Bullitt, qui se serait vengé de celui qu’il avait servi, puis quitté.

.            Wilson était décrit comme un puritain, homosexuel refoulé, partagé entre sa forte libido et son idéal de pureté, pétri de contradictions, obsédé par son image au point d’avoir préféré saboter le projet de SDN, dont il avait été à l’origine, victime d’un « effondrement » tragique. Ce manuscrit, accusé de régler des comptes, de faire de la psychologie à la petite semaine, avait été publié, mais fut rarement cité dans les grands ouvrages de Freud. L’enjeu était pourtant de taille. Car si le texte dit vrai, il permet d’expliquer un des points cruciaux de la destruction de l’Europe au XXe siècle. C’est pourquoi Patrick Weil pense que la plupart des Français n’ont pas compris le traité de Versailles.

.            L’Amérique de Wilson rejoint les alliés Français, Anglais et Russes dans la guerre contre les Empires centraux. La guerre est gagnée et c’est Wilson qui fixe les conditions de la paix avec les 14 points, ou 14 conditions, qu’il a proposés au monde et qui se voulaient le socle d’une paix équilibrée et juste. Le Traité de Versailles du 28 juin 1919 crée la Société des Nations (ancêtre de l’ONU), démantèle l’empire Austro-Hongrois, rétablit l’Alsace-Loraine pour la France, l’occupation de la rive droite du Rhin et prévoit des réparations extrêmement élevées que l’Allemagne doit payer, un point que ne manque pas de critiquer l’économiste Keynes.

La sécurité militaire de la France est la clé du traité, selon Patrick Weil. Le Pacte de garantie militaire (qui est le prédécesseur de l’OTAN) adossé au traité prévoit qu’en cas d’agression allemande contre la France, les États-Unis et l’Angleterre viendront immédiatement au secours de la France. "C’est pour cela que le président Clemenceau signe le traité après avoir négocié le traité de Versailles en acceptant de renoncer à nombre de ses prétentions légitimes (contrairement à ce que prétendra Keynes), parce que la France espérait dans le bouclier américain et les solidarités franco-anglo-américaines. Wilson en revanche décide de ne pas ratifier ce traité militaire ». Il laisse ainsi les démocraties européennes à la merci d’un dictateur criminel qui savait qu’elles ne bénéficieraient pas automatiquement de l’aide américaine. Cela favorisera grandement à partir de 1933 les folies hitlériennes et le processus de montée aux extrêmes qui aboutit au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Le maréchal Foch déclarera que « vint ans plus tard en 1940, les Européens seront plus faibles qu’en 1914 se retrouvant à gérer entre eux, sans l’Amérique, un traité que l’Amérique avait dessiné pour être au centre de la paix mondiale ».

.            Le Sénat américain ayant refusé de ratifier le traité de Versailles, principalement en raison du refus des USA de participer à la Société des Nations, les deux gouvernements allemand et américain débutent des négociations séparées. Le 2 juillet 1921, le président américain Warren G. Harding signe la résolution Knox-Porter qui met fin à l'état de guerre entre les USA, l'Allemagne, l'Autriche et la Hongrie, permettant ainsi de préparer des traités de paix séparés. Le traité de paix séparé entre les États-Unis et l'Allemagne est signé à Berlin le 25 août 1921. Il reprend le contenu du traité de Versailles en retirant les responsabilités des États-Unis quant au respect des clauses par l'Allemagne. Ce traité évitera notamment au pays de rejoindre la Société des Nations pourtant si chère à Wilson. La Société des nations sera donc créée sans les États-Unis !

.            Patrick Weil a découvert le manuscrit original du texte, qui semblait perdu, et il prouve que, loin d’être un ouvrage trafiqué par Bullitt pour se venger de son ancien patron, ce texte est la preuve d’une collaboration étroite entre Freud et Bullitt. Le père de la psychanalyse a analysé avec minutie la folie dont était victime le président américain. Mais il y a, en revanche, un travail de coupe que Bullitt a opéré sur le texte publié en 1966. Aurait-il redouté les effets dévastateurs de l’analyse de Freud ? Celle-ci témoigne d’un fait dont les démocrates minorent souvent le danger. On est habitué à analyser les dictateurs sous l’angle de la psychologie: Poutine est fou, Staline est fou, Hitler est fou. Mais on oublie de le faire aussi pour les grands dirigeants de nos démocraties. Surtout dans les régimes présidentiels, la personnalité du principal acteur peut aussi se révéler fatale..

La grippe espagnole frappe le président et la Maison-Blanche.

www.journaldequebec.com - Luc Laliberté - 14 mars 2020 / France-Culture -  Valérie Cantié – 04 jul 2020

.           Lorsqu'en 1918 une épidémie de grippe H1N1 se déclare dans le monde, le virus, qui – on le saura bien plus tard – serait d'origine asiatique, ne semble pas mortel lorsqu'il apparaît aux États-Unis. C'est dans l'État du Kansas, en février 1918, que les premiers cas de grippe sont repérés. Le camp militaire de Funston est contaminé. À l'été 1918, tous les hommes américains de 18 à 45 ans sont appelés à s’entraîner dans des camps dont la capacité d'accueil est bientôt dépassée. Les soldats vivent les uns sur les autres avant d'être envoyés en Europe. En septembre 2018, plusieurs bases américaines sont contaminées. Malheureusement des soldats de Funston étaient déjà été déployés en France, transportant le virus avec eux.

Le président Wilson ne fera jamais de déclaration sur la grippe. Le seul objectif est de remonter le moral des Américains en ces temps de guerre. Il ne faut affoler personne. Et si cette grippe H1N1 est appelée "grippe espagnole", c'est justement parce que la presse espagnole a été la seule au monde, fin mai 1918, à en évoquer la gravité dans ses colonnes, alors que les autres pays gravement touchés par les ravages de la maladie (France, États-Unis, Allemagne) n'ont jamais voulu accabler leurs peuples. 

.           Si la grippe espagnole évoque les champs de bataille et les tranchées de la Première Guerre, on estime souvent qu’elle a affecté le tiers de la population mondiale, et les États-Unis n’ont donc pas été épargnés, et avant que les symptômes ne se manifestent chez le président Wilson, son secrétaire personnel et sa fille aînée furent touchés. On relève même des cas de maladies chez deux moutons d’un petit troupeau qui broutait sur les pelouses de la Maison-Blanche ! 

Les premiers cas dans l’entourage présidentiel se sont donc manifestés en 1918, et Woodrow Wilson sera affecté en avril 1919 par le virus à son retour de Paris. Confronté à la sévérité des symptômes, le médecin personnel du président croit tout d’abord à un empoisonnement tellement la progression est fulgurante. 

D’abord alité et incapable de s’asseoir dans son lit, le président commence à se comporter étrangement. Le personnel tente de garder le secret autour de son état de santé, mais ses déclarations sont de plus en plus inquiétantes pour ses proches et ses conseillers. 

Pendant la même période, un autre jeune homme politique ambitieux souffrira de la grippe espagnole: Franklin D. Roosevelt (FDR). Peut-on imaginer l’histoire des États-Unis ou même l’histoire mondiale sans les contributions de Woodrow Wilson et FDR ?

.            1918. Le 28e président des Etats-Unis, le démocrate Woodrow Wilson est aux affaires depuis six ans et exerce son deuxième mandat. L’entrée américaine en guerre contre l'Allemagne a été déclarée le 6 avril 1917. Le pacifiste Wilson se métamorphose en véritable chef de guerre. Le 18 janvier 1919, les représentants des 32 pays belligérants se retrouvent à Paris pour élaborer le traité de Versailles. Woodrow Wilson, arrivé en "porteur de la paix" sous les applaudissements le 14 décembre 1918, dirige l'équipe américaine qui se rend en France pour défendre son programme en 14 points, dont notamment la création d'une Société des nations offrant à chaque pays-membre indépendance politique et intégrité territoriale. Les négociations de Versailles portent également sur le futur statut de l'Allemagne battue, et les discussions sont animées entre l'Américain Wilson, le Premier ministre français Georges Clemenceau et le Premier ministre britannique, David Lloyd George. 

.            Le 3 avril 1919, le président Woodrow Wilson commence à tousser, et se sent de plus en plus mal. Son médecin informe la Maison Blanche qu'il a contracté la grippe espagnole. Il est finalement gravement malade. L'information n'est pas ébruitée, la situation internationale est trop délicate. Et c'est ainsi que la grippe est devenue un acteur dans la diplomatie du XXe siècle, car Wilson est alité à l'Hôtel du Prince Murat, dans le VIIIe arrondissement de Paris. Son état le rend paranoïaque, il se croit espionné de toutes parts par des Français. Il est également désorienté. Le 28 juin 1919, le traité de Versailles est signé. Woodrow Wilson, épuisé rentre aux États-Unis en juillet 1919.

En juin 1919, le président Woodrow Wilson quittant le Quai D'Orsay durant la Conférence de Paix de Versailles - Crédits : Hulton Archive - Getty